Dans le cadre de l’édition 2018 du Festival international du film sur l’art (FIFA), les cinéphiles amateurs d’architecture et d’urbanisme sont invités à plonger directement au coeur du territoire brésilien pour y découvrir sa capitale, dans le documentaire Brasilia, life after design.
Littéralement créée de toute pièce à 2000 kilomètres de l’Amazonie, à 18 heures de Rio de Janeiro, Brasilia est l’oeuvre de l’architecte Oscar Niemeyer et de l’urbaniste Lucio Costa.
Construite à l’image d’un oiseau déployant ses ailes, ou d’un avion, c’est selon, Brasilia abrite donc le siège des différentes institutions gouvernementales du pays. Sur papier, tout semble idéal: les différents quartiers, tous identiques, sont ceinturés de verdure, les allées sont bien droites, les routes solides, le plan clair et bien défini.
Pourtant, quelque chose cloche. À l’ombre des monuments, à l’ombre des bâtiments de cette ville qui devait être parfaite, qui devait (de l’avis même de ses concepteurs) éliminer les classes sociales dans une sorte de creuset socio-économique, l’isolement et les différences entre les diverses couches de la population posent problème.
Sur les murs des bâtiments, la peinture s’écaille. Entre les dalles de béton des grandes places publiques dépourvues d’arbres installées près des bâtiments nationaux, de la mauvaise herbe se faufile à travers les fissures.
Un plan d’urbanisme peut-il survivre à l’évolution d’une ville? Ce qui semble flagrant, dans cette Brasilia figée dans les années 1950, c’est que ses concepteurs n’ont pas tenu compte de l’attrait qu’allait susciter la construction d’une nouvelle capitale. Conçu pour 500 000 habitants, le coeur de Brasilia, dont le développement urbain est figé, s’est rapidement rempli, et a donc provoqué un déversement dans quantité de banlieues anonymes développées à la va-vite. Ajoutez à cela un système de transport collectif qui ne semble définitivement pas à la hauteur, et vous obtenez des routes à la circulation particulièrement dense et une population de gagne-petit qui doit s’exiler loin du centre pour y trouver des logements abordables.
Comme l’explique le synopsis du documentaire, Brasilia est à l’image du Brésil: en apparences moderne et résolument tourné vers l’avenir, mais si l’on y regarde de plus près, on constate rapidement que quelque chose ne tourne pas rond.
Transport, emploi, climat social… Brasilia donne l’impression d’être une ville froide, sans âme. Malheureusement, le documentaire ne semble jamais aller au bout des différentes réflexions lancées pendant les 90 minutes de l’oeuvre.
Au final, la capitale brésilienne semble n’être que la toile de fond des différentes vies qui s’y déroulent, plutôt que d’en être le centre. C’est là une approche plus réaliste, certes, mais moins intéressante.
Après tout, l’architecture et l’urbanisme ne devaient-ils pas se retrouver au coeur de ce film projeté durant un festival de films sur l’art?
Brasilia, réalisé par Bart Simpson. Film canadien. 88 minutes.
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2 commentaires
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Brasilia, life after design est un film d’art et essai. Le titre annonce bien ses couleurs: la vie après le design.
Nous avons choisi et suivi quelques personnages qui sont représentatifs de la jeunesse de Brasilia à part Nicolas Behr, le poète qui est plus vieux. C’est aussi un film d’observation. Nous avons fait le choix d’observer nos personnages dans leur quotidien. Ce qui est en fait un film assez lent. Concernant l’architecture, on voit des archives sur la construction de la ville et plusieurs extraits d’entrevue avec Oscar Niemeyer. Oui Brasilia est une ville froide et son âme est très individuelle. C’est une ville pleine de paradoxes! Les concepteurs voulaient créer une ville sans classes sociales et ils ont créé la pire ville du Brésil au niveau de la ségrégation. Il y a en plus de tout la ségrégation spatiale!