Mettant en vedette James Franco et Maggie Gyllenhaal, la série télévisée The Deuce nous replonge dans le New York du début des années 1970, alors que l’industrie du sexe s’apprêtait à sortir de l’ombre, et à infiltrer la culture populaire.
De nos jours, la pornographie est socialement acceptée (en plus d’être facilement accessible), mais les choses étaient bien différentes il n’y a pas si longtemps. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder The Deuce. Se déroulant en 1971 dans le quartier chaud de New York (la 42e rue entre la Septième et la Huitième avenue) où se trouvaient cinémas XXX, boutiques érotiques et prostituées, la série télévisée de George Pelecanos et David Simon relate comment l’évolution des mœurs dans la société américaine au début de cette décennie donneront un véritable essor à l’industrie du sexe.
Au lieu de s’articuler autour d’un ou deux personnages principaux, The Deuce propose plusieurs petites histoires qui s’entrecroisent, une approche narrative qui permet de mieux montrer les différentes facettes de ce quartier bigarré, peuplé de putains, de drogués, de proxénètes, d’homosexuels, de policiers corrompus et de criminels de tous acabits. On y suit à la fois deux frères jumeaux, une prostituée indépendante refusant d’avoir un pimp, un flic qui n’apprécie pas toute la corruption dans son district, ou une journaliste tentant de se faire connaître en rapportant le quotidien des travailleuses du sexe.
La reconstitution du New York de l’époque est vibrante. Du brun, du beige, des afros, des cols démesurés, des pantalons pattes d’éléphant : on comprend pourquoi l’habillement des proxénètes dans les années 1970 a donné naissance à l’expression « suit de pimp ». Comme elle traite de l’industrie du sexe, The Deuce s’adresse évidemment à un public adulte. Baise et nudité abondent, mais c’est rarement présenté de façon érotique. Une scène mémorable par exemple montre une prostituée en pleine fellation dans un cinéma tellement miteux qu’un rat lui grimpe sur le dos.
À force de le voir dans des comédies un peu connes, on a tendance à oublier que James Franco est un acteur sérieux, et The Deuce nous le rappelle de belle façon, même si, étonnamment, le comédien est nettement meilleur dans le rôle de Vincent, et un peu caricatural dans celui de son frère jumeau, Frankie. Maggie Gyllenhaal se donne encore plus que d’habitude pour interpréter Eileen, une prostituée et mère monoparentale. Des acteurs comme Chris Bauer (True Blood), Chris Coy (Banshee) et Lawrence Gilliard Jr. (The Walking Dead) complètent cette distribution impeccable.
Le coffret The Deuce: The Complete First Season contient les huit épisodes d’une heure (à l’exception du premier, qui fait près de 90 minutes) sur trois disques au format Blu-ray, et s’accompagne d’un code pour télécharger une copie numérique. Le pilote, comme la finale, contient une piste de commentaires livrée par George Pelecanos, David Simon, et les acteurs principaux de la série, et chaque épisode s’assortit d’une courte revuette qui en explore les thèmes. L’équipe parle du New York de 1971 dans une revuette d’une dizaine de minutes, et dans une autre, les différents réalisateurs et réalisatrices de l’émission (dont James Franco, qui signe deux épisodes) discutent leur approche visuelle.
En montrant le visage humain d’un univers qu’on préfère habituellement ne pas voir, soit celui de la pornographie, ainsi que l’évolution des mœurs depuis les années 1970, la série The Deuce s’avère aussi pertinente que captivante.
7.5/10
The Deuce : The Complete First Season
Réalisation : Michelle MacLaren, Ernest Dickerson, James Franco, Alex Hall, Uta Briesewitz, Roxanne Dawson
Scénario : George Pelecanos, David Simon, Richard Price, Lisa Lutz, Will Ralston, Chris Yakaitis, Marc Henry Johnson, Megan Abbott
Avec : James Franco, Maggie Gyllenhaal, Gbenga Akinnagbe, Lawrence Gilliard Jr. et Chris Bauer
Durée : 508 minutes
Format : Blu-ray (3 disques)
Langue : Anglais, français, espagnol, allemand, portugais
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