Mise en page plus aérée, structure adaptative en fonction de l’appareil utilisé, adoption de normes graphiques plus modernes… le quotidien indépendant Le Devoir lançait lundi un nouveau site web, dans le cadre d’une campagne de modernisation de ses diverses déclinaisons entamée depuis plusieurs années déjà. Entretien.
« Dès le début, nous nous sommes dit que nous voulions remettre les plateformes au goût du jour », reconnaît d’emblée Florent Daudens, directeur de l’information numérique embauché en 2016 par le journal aujourd’hui installé dans le Quartier latin.
En fait, la stratégie du Devoir était triple: « La première action que nous avons posée concernait l’application mobile. La révision était déjà en marche, donc nous avons poursuivi les démarches et nous l’avons lancée il y a environ un an. Nous savions aussi que la deuxième étape, assez naturelle, était d’arriver avec un site refait. »
Comme l’indique M. Daudens au bout du fil, l’objectif consistait à refaire la maquette, oui, mais surtout « d’avoir un site adaptatif dès le départ ». Qu’on le visite sur téléphone intelligent, sur tablette ou sur ordinateur, le nouveau site du Devoir réorganise donc automatiquement le placement des articles et des photos pour tirer parti des capacités de chaque appareil.
Cette transformation signifie également la fin du site mobile m.ledevoir.com, relique d’une autre époque où la version pour téléphone intelligent d’un site web se déclinait bien souvent à part de sa « version principale ».
De fait, cette stratégie était aujourd’hui « beaucoup moins efficace, voire même pénalisée par les moteurs de recherche », précise M. Daudens.
« Mine de rien, c’était le temps, aussi; c’est toujours dans le rythme naturel des sites internet de les refaire assez fréquemment. Oui, c’est une refonte visuelle, c’est aussi une refonte à l’arrière, puisque nous avons optimisé la vitesse de chargement, qui est un peu le nerf de la guerre pour tout le monde, et faire en sorte que ça s’adapte partout. »
Une nouvelle jeunesse bien accueillie
Au dire de M. Daudens, les réactions à la nouvelle déclinaison du site web sont globalement positives: « Ce n’est jamais unanime, c’est sûr, parce qu’il s’agit toujours de bousculer des habitudes. Nous avions tout de même effectué des phases de test. La plupart des commentaires demeurent positifs. »
Lignes épurées, davantage d’espace consacré au côté visuel de l’information… Les changements sont évidents par rapport à l’ancienne version. « On n’a pas encore tout montré; le site s’adapte aussi en fonction du moment de la semaine. Par exemple, le weekend, il pourrait y avoir une Une beaucoup plus forte sur le plan visuel. »
Chez les détracteurs, on déplore une perte d’habitudes et de repères. « C’est toujours le cas. Il y a aussi des gens qui souhaiteraient retrouver davantage la logique du journal. Mais c’est sûr que nous ne sommes pas dans cette approche-là, parce que nous traitons le numérique comme une entité à part entière. »
Cette volonté d’offrir un espace numérique plus aéré est-il synonyme d’un appauvrissement de l’offre journalistique? À voir les anciennes versions du site web du Devoir, on pourrait effectivement croire qu’un plus petit nombre d’articles ont trouvé leur chemin vers la page d’accueil. À cela, Florent Daudens répond deux choses: d’abord, que la page d’accueil n’est qu’une partie du site, et que bon nombre d’internautes accèdent directement à un article en passant par du référencement sur les réseaux sociaux, par exemple; ensuite, que la surabondance de liens des premières versions du site était un peu contraire au positionnement journalistique du quotidien.
En effet, à l’image de sa version papier, Le Devoir n’a jamais eu comme ambition de tout publier, et d’offrir un déferlement constant de nouvelles et de dépêches. On y rapporte plusieurs informations de dernière minute, oui, mais on vise aussi à se concentrer sur l’analyse, sur le traitement en profondeur de la nouvelle.
Il y a eu l’application mobile. Il y a eu la refonte des cahiers papiers du weekend sous la forme du cahier D. Il y a maintenant un nouveau site web pour Le Devoir. Et la suite? Florent Daudens confirme que d’autres projets sont en cours, mais éclate de rire lorsqu’on lui demande de fournir des détails. Il faudra patienter!
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/01/30/le-combat-litteraire-de-lettres-quebecoises/