Pour repenser l’architecture, 23 pratiques alternatives ont composé l’exposition L’architecte, autrement présentée au Centre Canadien d’Architecture (CCA) du 28 octobre 2015 au 10 avril 2016. Avec la conférence Cuisiner avec un réfrigérateur vide, la firme Point Supreme a conclu le 7 avril la série de causeries.
Au centre d’Athènes trône l’Acropole. Déposé sur une surface plane surélevée, le vestige antique demeure un incontournable des circuits touristiques et figure sur la plupart des cartes postales. Après avoir situé le monument sur une carte géographique de la capitale dont l’expansion urbaine est limitée par les montagnes et la mer, le cofondateur de la firme Point Supreme, Konstantinos Pantazis a dirigé notre attention sur ce qu’il y a autour.
Autour, on trouve les édifices à logements dans lesquelles s’insère un espace commercial à la base, à hauteur de la rue. Si les immeubles ont été construits dans les années 1960 sans plan d’urbanisme, les architectes ont tout de même pensé à dessiner les étages supérieurs en pente ou en escalier dans le but de laisser passer les rayons de lumière. Un soleil méditerranéen qui assomme pourtant, dans les quartiers entassés où les points d’eau et la verdure sont rares.
Pris entre l’austérité imposée par l’Union européenne et la corruption des élites locales, les Athéniens ont recours à l’aide de Point Supreme afin d’améliorer leur milieu de vie. Par exemple, dans une boutique on a créé un présentoir à partir de petites tables pour superposer les plantes en pot. L’application d’une tapisserie avec une impression floue d’éléments végétaux rehausse la netteté des feuilles.
Quelques commerces situés côte à côte ont décidé de fusionner. N’ayant que les moyens financiers pour acheter de la peinture, la firme leur a offert son expertise par la façon de disposer les couleurs. Du blanc au noir, du café à la boîte de nuit, la façade arbore un dégradé de gris.
La firme a également construit un immeuble résidentiel avec les moyens dont ils disposaient, à l’opposé de commencer par la conception et de construire en fonction de ce qui a été conçu.
La causerie sur la ville d’Athènes cadre autant dans la série liée à l’exposition L’architecte, autrement que dans la série indépendante L’enseignement de… Ville par ville, cette dernière analyse le symbolisme architectural et les artères commerçantes afin de comprendre l’étalement urbain en s’inspirant de l’étude Learning from Las Vegas (1972) de Robert Venturi, Denise Scott Brown et Steven Izemour.
Autrement
« On veut déconstruire le mythe comme quoi l’architecte c’est quelqu’un qui dessine des plans et qui construit des bâtiments », m’explique la Coordonnatrice Curatoriale au Centre Canadien d’Architecture (CCA), Camille Bédard.
L’exposition L’architecte, autrement a regroupé 23 pratiques alternatives pour repenser l’architecture. À partir des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, des groupes de citoyens ont mis sur pied des projets de nature sociale, éditoriale, activiste ou autre afin d’y réfléchir collectivement.
Avec le Design-A-Thon (1976-1984), la télévision sert d’outil urbanistique pour diffuser les préoccupations des architectes sur des sujets d’intérêt public. L’émission télévisée d’une heure présentée par la firme Moore Grover Harper a encouragé la participation citoyenne à des projets d’aménagement aux États-Unis.
Take Part (1971-1976) est une série d’ateliers chorégraphiques organisés dans des villes américaines dans le but d’établir de nouveaux modèles participatifs de conception, de se mouvoir, de contempler et de penser par rapport aux environnements naturels et bâtis. Ces ateliers ont été fondés sur des méthodes expérimentales développées à la base par l’architecte paysagiste Lawrence Halprin et la chorégraphe Anna Halprin dans les années 1960.
Architectural Detective Agency (1974-1986) a été fondé à Tokyo au Japon par Terunobu Fujimori et Takeyoshi Hori dans le but de documenter les premiers bâtiments modernes ignorés ou abandonnés au moyen de photos, croquis et de cartes : une nouvelle méthode d’écriture de l’histoire de l’architecture.
Chaque « groupe » de pratique alternative détenait son espace dans la salle d’exposition. À chaque station, il y avait une table autour de laquelle on pouvait discuter en groupe avec le guide. Les visites régulières, le jeudi en fin de journée, ont été divisées en fonction du nombre de stations étant donné la densité de l’exposition, 700 objets. Chaque visite s’attardait à une table à la fois, en profondeur.
Axée sur la collaboration plutôt que sur un seul individu, l’exposition est restée fidèle à la mission du CCA de traiter l’architecture comme un phénomène culturel pour un public international.
Le CCA nous réserve une exposition sur le numérique, à surveiller.