Christine Plante
19h30 sonnantes. Jeff Beck et sa guitare sont tous deux – mais pas seuls – bien présents pour faire lever la foule, qui elle aussi, est avide de sensations (auditives) fortes et endiablées. Eric Clapton ensuite qui fait mousser le tout jusqu’à la dernière goutte. Un spectacle évolutif et délicieusement rythmé, dont on a dégusté chaque mesure.
La performance que nous a livrée le duo Clapton-Beck lundi au Centre Bell était digne des plus grandes soirées – peut-être un vendredi, ou même un samedi soir.
C’est Jeff Beck qui a brisé la glace, armé de sa guitare, de plusieurs reprises de classiques aussi déroutantes qu’originales (on a passé du Beatles, du Puccini), et d’un orchestre de cordes qui venait donner une exquise profondeur à ses propres cordes électriques et allumées. On souligne un numéro particulièrement maîtrisé de la bassiste montréalaise Rhonda Smith a matérialisé le climat « on s’amuse » du spectacle. Ça bouge, ca groove, ça lève, c’est bien parti.
Puis, Clapton entre en scène et invite notre pouls à passer au salon, où il nous sert sans prétention sa « Layla » et quelques autres titres feutrés, dans son plus simple appareil – une guitare sèche, un denim, et sa crinière argentée dansante et sympathique. On avait commencé en mode sprint, on reprend son souffle avant d’y aller en rebelote, la star se lève et enfile l’électrique, un crescendo savamment calculé pour nous dévoiler un spectre aussi riche que possible du vaste répertoire de Clapton, avant de clôturer avec Beck, qui lui aussi revient rejoindre son comparse pour la finale du show.
Et on y goûte, à son répertoire. On goûte à «Cocaïne», on goûte même à «I shot the sheriff», on goûte à des solos de synthétiseurs d’une autre époque et à des ovations sincères et spontanées. Et l’on sent que lui aussi, il est sincèrement généreux – une performance de près de deux heures qui nous a transportés ailleurs qu’à Montréal, la petite ville qui est pourtant l’une des seules élues de cette mini-tournée définitivement grandiose.