Trump. Les allégations d’inconduite sexuelle. Trump. La Corée du Nord. Trump. La Coalition avenir Québec en avance dans les sondages. Encore Trump. Si la fin de l’année est habituellement propice à la parodie des événements survenus durant les 12 mois précédents, la tâche risque cette fois d’être particulièrement ardue. Qu’à cela ne tienne, Philippe Lemieux et ses collègues de Cabaret politique et bouffoneries sont à l’oeuvre pour pondre un spectacle Salut 2017! pas piqué des vers.
La rencontre avec M. Lemieux a lieu à La graîne brûlée, dans le Village. Un endroit probablement aussi farfelu que le programme de la soirée de cet adieu théâtral, musical et humoristique à l’année qui se termine enfin.
Bien entendu, il sera question du président américain, dans ce spectacle. À preuve: la bouille du colérique milliardaire narcissique se trouve sur l’affiche… c’est dire! Mais Philippe Lemieux, l’auteur des textes, assure qu’il a voulu s’éloigner de la simple imitation pour tomber dans le « plus grand que nature ». De fait, ce sont trois comédiens qui s’attelleront à la tâche de personnifier le coloré individu.
« Outre ses propos, j’ai tenté de l’amener physiquement et cyniquement un peu plus loin », explique M. Lemieux.
En plus du locataire de la Maison-Blanche, le spectacle s’attardera aussi à l’affaire Weinstein et à toutes celles qui ont suivi, y compris avec les grands noms du showbizz québécois dont les statues ont été déboulonnées à la vitesse de l’éclair.
Y a-t-il un risque de malaise, en cette époque de révélations sordides et de facilité à s’offusquer de tout, tout le temps? « Je ne ressens pas de gêne à aller là, confie Philippe Lemieux. On saute dans le sujet et on le fait; de toute façon, c’est tous les jours dans les médias. De toute façon, avant octobre, je n’avais aucune blague de sexe, et c’est un peu l’actualité qui m’a bousculé… Je me suis qu’on allait y aller! »
Oser
Cette témérité comporte bien sûr le risque de déplaire à certaines personnes, mais l’auteur en fait peu de cas. « Toi, en 2015, tu n’avais pas aimé! », lance-t-il à ce journaliste. « Il faut faire la part des choses… Moi j’essaie d’être le plus grand public possible, tout en sachant que je vais dépasser un peu dans la vulgarité. Les festivals de malaise, moi j’aime ça! C’est un peu de la nourriture, pour moi, d’aller là, dans ces zones-là. »
« Je ne veux pas dépasser la ligne; je veux demeurer pertinent, aller là où ça fait mal, par la suite, cela dépend de la sensibilité de chacun », poursuit M. Lemieux, avant de noter que « depuis un certain temps, on sent quelque chose qui nous retient. Ce n’est plus de la censure, c’est de l’autocensure! J’essaie de ne pas aller là… De toute façon, je dois traverser les filtres des comédiens avant de parvenir à la version finale ».
Pour éviter l’ire de certains groupes, Philippe Lemieux a foncé: rions de tous en même temps! La proposition est simplifiée, certes, mais si on a, dans un même numéro, « des blagues anti-immigrants et des blagues anti-Meute, j’attaque tout le monde. C’est comme ça que je me défends, aussi. Tout le monde y trouve son compte à quelque part ».
Avec toutes ces considérations, et avec tous les événements dans l’actualité, de combien de temps l’équipe dispose-t-elle pour ajouter ou modifier des textes? « On attend toujours à la dernière minute. Les ralentissements dans le rythme créent des « zones tampons » où l’on peut insérer des blagues rapides, ce qui permet d’intégrer des personnages secondaires », souligne M. Lemieux.
Cette année, le spectacle se déplace au Café Campus, après un passage à La Vitrola, en 2015, et au Club Soda, l’an dernier, dans le cadre d’une édition 2016 sous la gouverne malheureuse de Juste pour rire.
Amateurs d’humour grinçant, et tous ceux qui désirent enfin passer à 2018 ont rendez-vous à partir du 6 décembre pour de la politique, et certainement bien des bouffonneries. À ne pas manquer!
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