Martin Prévost
Concerti Alla Montanari, hé oui, voilà comment la directrice artistique de l’Ensemble Arion, Claire Guimond, a choisi de titrer le concert qui voyait revenir l’admirable soliste et chef invité Stefano Montanari. En effet, nombreux sont ceux qui se souviennent de son passage à la Salle Pierre-Mercure avec Arion, il y a quelque années, pour une interprétation très personnelle et tout autant spectaculaire des Quatre saisons d’Antonio Vivaldi.
Cette fois, au lutrin du chef, nous retrouvions des œuvres nettement moins visités que les quatre concerti du prêtre roux.
Dans l’ordre:
- Symphonie (ou Ouverture) en sol mineur, J-C 57 de Giovanni Battista Sammartini;
- Concerto pour violoncelle no 10 en ré majeur, G 483 de Luigi Boccherini;
- Concerto pour violon en la majeur Op. 3 no 3 de Maddalena Lombardini Sirmen;
- Symphonie Op. 12 no 1 en ré majeur, G 503 de Luigi Boccherini.
L’autre artiste invitée de cette soirée était Kate Bennet Wadsworth, violoncelliste originaire du Royaume-Uni qui n’en était pas à ses premières armes avec Arion.
Cet avant-dernier concert de la Série Montréalaise d’Arion était présenté, comme à l’habitude, à la Salle Bourgie du Musée des Beaux-arts de Montréal.
Au cours de sa présentation, la directrice artistique a souligné le fait que le programme de la soirée était davantage classique que baroque, le baroque étant la marque de commerce de l’ensemble qu’elle dirige. Qu’à cela ne tienne, l’auditoire était peut-être plus intéressé par le chef soliste invité que par le programme et il saurait sûrement s’adapter à un petit dépaysement.
Dépaysement qui n’est pas survenu trop vite car l’interprétation, dirigée par Montanari, des premier et troisième mouvements de la symphonie de Sammartini avait tout de l’œuvre baroque : de la fougue, des attaques solides et des cordes bien fort frottées. Alors que l’andante était tout ce qu’il y a de plus classique avec ses lenteurs et ses subtilités.
Le concerto pour violoncelle de Boccherini, n’a certes pas été le clou de la soirée. Malgré un large soutien du chef invité et de tout l’orchestre, le jeu de Kate Bennet Wadsworth n’était pas toujours audible. Certains passages de cette œuvre sont de véritables morceaux de bravoure et la jeune violoncelliste ne semblait pas assez bien préparée. Cela s’est surtout entendu lors du troisième mouvement avec certaines erreurs flagrantes.
Au retour de la pause, tous les feux étaient enfin sur Stefano Montanari. Et on peut affirmer sans risque de se tromper, que personne n’a été déçu. Dès l’allegro, le violoniste nous a démontré qu’il pouvait faire chanter son instrument sur tous les tons, avec toutes les couleurs imaginables. La précision, la puissance et la richesse des sons n’avaient d’égale que la facilité évidente avec laquelle le virtuose nous livrait la partition, tout en dirigeant allègrement et avec plaisir un ensemble totalement complice et qui était fin prêt pour l’accompagner. Cette démonstration spectaculaire qui, à elle seule, valait le déplacement, s’est poursuivie tout au long du concerto. Concerto qui n’était d’ailleurs pas dans le programme annoncé initialement mais qui gagne fortement à être découvert.
L’interprétation de la symphonie de Boccherini a permis à Montanari de démontrer encore mieux ses qualités de chef, particulièrement dans le dernier mouvement qui est plutôt original pour l’époque et que le chef et l’ensemble ont rendu particulièrement enlevant.
Ce magnifique programme s’est conclu par un rappel. Les musiciens ont interprété une œuvre qui n’était pas au programme et dont le choix a été guidé par la raison suivante, dixit Stefano Montanari: « C’est un peu fou! ».
En conclusion, l’Ensemble baroque Arion est tout à fait capable d’être « l’Ensemble classique Arion » et Stefano Montanari, disons simplement qu’il sera toujours le bienvenu à Montréal!