L’heure est à la révolte, qu’elle soit féministe ou simplement féminine. Et pour l’auteure Catherine Léger, cette révolte passe par la pièce Filles en liberté, donnée à La Licorne.
Méli a la vie devant elle. Et elle désire plus que tout… devenir mère au foyer? L’idée paraît saugrenue, d’autant plus que Mme Léger nous a habitués à des personnages féminins hautement indépendants et revendicateurs dans Baby-Sitter, qui passait ce printemps et cet été à La Licorne, d’abord, et ensuite un peu partout au Québec.
Il apparaît toutefois bien vite que ce cette jeune vingtenaire désire, c’est surtout changer les choses, ébranler un peu sa relation avec ce professeur de cégep qui veut bien faire, mais qui finalement ne fait pas grand chose, à part tenir un discours moralisateur et déclamer de la poésie lorsqu’il est sous l’influence de l’alcool ou de la drogue.
Là où Baby-Sitter abordait la question du sexisme et des rapports de force entre hommes et femmes, Filles en liberté reprend ces sujets pour les détourner légèrement et parler plutôt des rôles traditionnels dans notre société moderne. Faut-il absolument cumuler les diplômes pour enfin décrocher un emploi « utile »?
Fidèle à son style, Catherine Léger veut faire réfléchir tout en assénant une réplique assassine après l’autre. Dans la salle, ça rit, ça grince des dents, et ça profite probablement de l’opportunité pour ébranler quelques colonnes du temple des clichés relationnels, sociaux et économiques.
Pourtant… Pourtant, il y a quelque chose qui sonne faux. Quelque chose qui accroche. Peut-être est-ce ce fouillis scénaristique qui conjugue power sex, avortement, vidéos pornographiques et quête identitaire du Québécois moyen? Peut-être sont-ce ces blagues qui semblent parfois ne faire rire que les amis du milieu qui sont venus en groupe? Peut-être s’agit-il de ces longueurs qui nous poussent à regarder notre montre?
Filles en liberté a bien sûr ses bons moments, ces coups fumants, ces instants où l’on se dit que l’auteure a décidément tapé dans le mille.
Hélas, ces moments sont trop peu nombreux, et on s’interroge à savoir si Mme Léger a véritablement un message à faire passer, ou si elle désirait simplement s’amuser pendant 1h30. Peut-être faut-il être une femme pour trouver que refaire les filles du Roy en version porno avec des actrices vêtues de tuques est libérateur pour le sexe féminin. Pour ce journaliste, c’est oublier toute pudeur et plonger dans quelque chose de scabreux et, bien franchement, de très peu ou pas du tout intéressant.
Filles en liberté, de Catherine Léger, une production du Théâtre PÀP et La Manufacture. Mise en scène de Patrice Dubois. À La Licorne jusqu’au 2 décembre.
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