La révolution est morte… vive la révolution! Trois ans après la fin de Wolfenstein: The New Order, où notre héros B.J. Blazkowicz semblait trouver la mort après avoir éliminé son ennemi juré, le voilà qui reprend du service dans The New Colossus, qui nous amène dans un territoire américain placé sous la botte des nazis.
Très attendu depuis la sortie de The New Order, donc, et de la suite/antépisode The Old Blood, le nouvel épisode de l’iconique série de jeux de tir à la première personne fait donc sortir le joueur et la coalition de rebelles antinazis des terres européennes pour regarder plutôt vers l’Ouest. Car si l’édifice nazi a été ébranlé par la mort de « Deathshead » – littéralement « Tête de mort », le grand méchant du précédent opus, voilà que l’ignoble Frau Engel, déjà une ennemie implacable dans The New Order, a lancé une chasse à l’homme qui passe près de réussir.
Notre héros ouvre les yeux, et le voilà cloué au lit depuis cinq mois, incapable de se déplacer seul, si ce n’est engoncé dans une chaise roulante. Qu’à cela ne tienne, pour protéger les autres rebelles du groupe, et pour protéger les jumeaux que sa petite amie Anya est sur le point de mettre au monde, le voilà qui empoigne une hachette d’abord, puis un pistolet-mitrailleur pour dégommer du nazi aussi longtemps qu’il soit en mesure de le faire.
Dès le début du jeu, donc, on constate aisément que les développeurs de chez MachineGames, sous la férule de l’éditeur Bethesda Softworks, n’ont rien perdu de leur sens de l’exagération. Qui aurait pu imaginer, en effet, que le héros, incapable de se servir de ses jambes, s’amuserait tout de même à éviscérer et cribler de balles des envahisseurs fascistes, avant d’enfiler une armure magique conçue par des chercheurs disparus depuis des siècles pour tenter d’éliminer une ancienne dirigeante de camp de concentration et ses robots tueurs géants?
En ce sens, The New Colossus est à l’image du jeu qui a relancé la série, en 2014: tout y est plus grand que nature, plus audacieux, plus insensé.
Sur le plan technique, les améliorations sont peu nombreuses, mais sont néanmoins difficiles à manquer: non seulement l’aspect visuel a-t-il gagné en maturité depuis trois ans, avec une multiplication des effets de particules, par exemple, mais on a aussi gonflé l’aspect destructeur des environnements pour en accroître le réalisme. On peut toujours, bien sûr, empoigner deux armes à la fois, mais cette fois, il peut s’agir de deux armes différentes.
Le joueur aura aussi droit au retour au système de personnalisation des armes à feu, que l’on a vu pour la dernière fois dans Wolfenstein – l’édition de 2009. Plus question de récolter de l’or pour déverrouiller des améliorations, cependant, mais plutôt de trouver des kits pour doubler la taille des chargeurs, ajouter une lunette de visée, etc.
Fini, aussi, le système de talents spéciaux à déverrouiller en effectuant certaines actions précises à plusieurs reprises. Désormais, la répétition de meurtres effectués avec deux armes, par exemple, ou en utilisant des armes blanches semblera débloquer certaines caractéristiques, mais ce nouveau système est peu, voire pas du tout expliqué.
Plus sombre
L’univers du New Colossus n’est pas pour les optimistes naïfs. On espérait peut-être que la victoire contre Deathshead, dans le premier jeu, sonne la fin du règne nazi sur la planète. On découvre plutôt que l’appareil fasciste est encore particulièrement solide.
L’étau se resserre lentement autour de nos héros, et ce malgré leurs victoires. Même le personnage principal se meurt lentement, armure magique ou non. Pour représenter cet état de faiblesse, les points de vie dont dispose le joueur ont été réduits de moitié. Idem pour la difficulté, qui semble avoir été renforcée – parfois de façon franchement frustrante.
Et cette fameuse révolution, dans tout cela? L’effet d’entraînement semble absent. La population, écrasée sous la botte nazie depuis 10 ans, est-elle lasse de se battre?
On aurait ici le terreau idéal pour un véritable jeu dramatique, avec décisions difficiles à la clé. Et peut-être, qui sait, un développement des personnages qui permettrait de s’y attacher convenablement?
À l’image de The New Order, pourtant, MachineGames semble incapable de combiner construction dramatique et héritage d’un quart de siècle d’une série de jeux de tir à la première personne. Les développeurs tentent toujours d’amener le joueur à réfléchir sur l’impact de ses gestes et sur le monde dans lequel il évolue, mais peut-on vraiment parler d’ambiance dramatique lorsque l’on massacre joyeusement des centaines de nazis anonymes en brandissant un fusil à pompe automatique?
Les gens de MachineGames désirent développer un jeu dramatique? Qu’on cesse alors de nous offrir de chevaucher un chien mécanique cracheur de feu géant avant d’ordonner de tirer une ogive nucléaire pour dégager un sous-marin coincé dans la vase d’une ville contrôlée par les nazis. Le tout avant de se rendre sur Vénus en soucoupe volante pour participer à une audition pour un film racontant la vie du personnage principal!
Suite aux apparences floues, aux limites imprécises, Wolfenstein 2: The New Colossus se termine pratiquement là où il devrait commencer, le tout après une séquence finale particulièrement ordinaire et ennuyeuse. Peut-être que les contenus supplémentaires permettront de sauver la mise.
Cela ne veut pas dire qu’il ne s’agit pas d’un bon jeu, que les combats ne sont pas agréables ou que l’action n’est pas prenante. Cela veut simplement dire que le jeu n’est pas à la hauteur des attentes. Attendons une vente, ou rabattons-nous sur The Old Blood, véritable hommage au Wolfenstein 3D qui a marqué l’histoire des jeux vidéo.
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