Postes Canada se dirige-t-elle vers un autre conflit de travail? La société d’État a annoncé lundi son intention de réclamer le début d’un processus de conciliation avec le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), un geste qualifié d’insultant par les principaux intéressés.
Dans un communiqué laconique publié lundi après-midi sur le fil de presse, les dirigeants de la société de la Couronne ont dit être entrés en contact avec la ministre fédérale du Travail pour lui faire parvenir des « avis de différend » dans le cadre des négociations avec le STTP-Urbain et avec les factrices et facteurs ruraux et suburbains (FFRS). Les patrons de Postes Canada réclament ainsi la nomination d’un conciliateur dans chacun des deux dossiers.
« Nous prenons cette mesure parce que, bien que les parties discutent depuis la fin de 2015, nous ne constatons aucun progrès sur les questions clés. Dans les deux cas, nous espérons que l’assistance d’une partie neutre permettra de susciter des échanges constructifs et d’accélérer le processus de négociation », mentionne-t-on par voie de communiqué.
De leur côté, les employés syndicaux ne mâchent pas leurs mots: les démarches des dirigeants parlent carrément d’une « tentative cynique de provoquer un conflit de travail ».
« Cette situation est sans précédent dans l’histoire de notre syndicat », explique Mike Palecek, président national du STTP. « Postes Canada n’a même pas terminé de nous communiquer ses demandes, que déjà elle se prépare à pousser les négociations vers une impasse. »
Toujours au dire des syndiqués, le service postal a réclamé, lors des négociations, des concessions en matière de régimes de retraite, d’avantages sociaux et de sécurité d’emploi. Les négociateurs de Postes Canada auraient également rejeté toutes les propositions du syndicat, y compris celles concernant l’expansion des services et l’équité salariale pour les facteurs ruraux, principalement des femmes, poursuit-on.
« En juin 2011, Deepak Chopra n’a pas hésité à paralyser le service postal et à mettre les travailleuses et travailleurs des postes en lock-out », rappelle M. Palecek. « Les dirigeants de Postes Canada, nommés par le gouvernement Harper, veulent briser notre syndicat à tout prix, sans aucun égard pour la population ou les services sur lesquels elle compte. »
« Nous sommes toujours déterminés à conclure de nouvelles conventions collectives qui seront équitables pour nos employés tout en tenant compte de la nature changeante de notre industrie et des besoins de notre clientèle », rétorque la partie patronale, qui plaide depuis plusieurs années que l’utilisation croissante des services de messagerie numérique gruge toujours un peu plus les revenus découlant de la livraison du courrier traditionnel. Cette révolution numérique s’est toutefois accompagnée d’un recours grandissant aux mêmes services de Postes Canada pour la livraison de colis, une division d’affaires qui engendre les profils depuis des années.