Only the Brave est l’exception à la règle. C’est un film inspirant basé sur une histoire vraie qui tout en exhibant tous les éléments de convenance, fonctionne à plein régime. La preuve qu’un bon scénario et une réalisation appliquée fait décidément toute la différence en termes de réussite.
Joseph Kosinski est un esthète accompli avec seulement deux longs-métrages à son actif. Grâce à un sens du flair indéniable, il a su impressionner avec des visuels époustouflants rehaussés par une maîtrise sonore tout aussi épatante. Après avoir fait honneur à la science-fiction par le biais des excellents TRON: Legacy et Oblivion, il est donc surprenant de le voir se lancer dans un projet comme Only the Brave, l’incroyable histoire vraie d’une bande de pompiers de l’Arizona spécialisés en feux de forêt.
Pourtant, il n’en faut pas long pour y retrouver sa griffe pleine d’audace, déterminée à garder le plus cinématographique possible cette puissante histoire, se permettant d’exhiber de plein front son incroyable humanité, elle qui était pourtant présente dans tous les recoins de ses films précédents. Bien sûr, on y trouve encore de somptueux panoramas, des situations plus apocalyptiques et une tension grimpante, mais à l’inverse d’un film comme Everest qui faisait plutôt rire au fil des minutes, voilà que Only the Brave nous emprisonne dans sa sincérité en nous piégeant dans des émotions qu’on laisse défiler sans honte.
L’occasion idéale pour Josh Brolin de trouver rédemption, lui qui était justement de la partie de Everest, mais aussi à Taylor Kitsch après l’ingérable Lone Survivor. Puisqu’on réalise lentement, mais sûrement, que la proposition de Kosinski a tout d’un film de Peter Berg réussi, donnant sacrément envie de dire à Deepwater Horizon de se rhabiller et de montrer à tous comment on rend véritablement hommage à des vétérans d’une classe à part.
Certes, la durée peut faire sourciller et il peut sembler excessif de dévouer 133 minutes à un film inspiré d’un article de journal. Pourtant, Kosinski s’applique et il n’a pas envie de nous bousculer au cœur de l’action à tout bout de champ. Centré sur l’humain, il représentera ces héros du quotidien dans leur banalité rassembleuse et prendra le temps de bien les mettre en scène, non seulement pour y maximiser la complicité de la bande, mais aussi nous permettre de mieux s’y intégrer pour en comprendre l’impact dramatique si nécessaire à son acte final d’une puissance difficilement tolérable.
Loin de représenter des modèles, il creusera toujours plus la profondeur de ses héros (il y aura d’incroyables dilemmes représentés tout du long) et sera considérablement aidé par sa distribution qui en plus des deux nommés précédemment, compte aussi sur la présence rassurante de Jeff Bridges, tout comme celle nuancée de Miles Teller, fort d’une bromance irrésistible avec Kitsch. Mentionnons aussi une belle brochette de jeunes comédiens pleins de testostérone, tous plus ou moins anonymes, mais idéaux pour bien rendre le quotidien des Granite Mountain Hotshots. Impossible également de ne pas valoriser au passage l’immense présence de la grande, mais tristement trop rare Jennifer Connelly, point d’ancrage indéniable à une vaste majorité de toute l’entreprise.
Bien sûr, certaines situations assez ordinaires malgré l’humour efficace et aisé donne par moment de quoi s’interroger sur la direction du film, mais l’assurance de Kosinski aide à rehausser les détours moins subtils de son scénario qui compte sûrement plus sur l’apport de Eric Warren Singer à qui l’on doit le génial The International que Ken Nolan qui a collaboré au dernier épisode des Transformers. Il y a par ailleurs une scène d’accident traité avec beaucoup de panache et de candeur.
Et pour la technique, c’est du solide. Le montage est calculé, les effets spéciaux sont d’un grand réalisme et bien sûr, la trame sonore est fortement inspirée sans jamais trop s’enfoncer dans les violons ou le gros mélo. Kosinski a après tout ramené Claudio Miranda, son directeur photo depuis le début, et a finalement laissé le champ libre à Joseph Trapanese, lui qui a secondé nul autre que Daft Punk et M83 dans les films précédents du cinéaste, en plus d’avoir revigoré le mésestimé Allegiant, troisième volet de la franchise condamnée qu’est Divergent.
La force est donc dans tous les recoins du long-métrage. C’est minutieux, c’est honnête et rarement forcé. C’est fait avec une grande classe qui ne veut pas ou presque pas donner dans la propagande, mais qui veut seulement faire un bon film qui réussit avec justesse à rendre avec succès son message, mais aussi l’histoire nécessaire au message. Et pour toute l’audace qui parcourt le film, celle-là même qui permet de s’émouvoir au lieu de grincer des dents, il n’y a rien d’autre à faire que d’aller voir le film, de l’encourager et d’applaudir son savoir-faire.
8/10
Only the Brave prend l’affiche en salles ce vendredi 20 octobre.