Du 10 au 13 octobre, la Chapelle Scènes Contemporaines et le Festival Phénomena s’associent et accueillent l’artiste performeur déjanté Peter James.
Peter James, on aime ou on déteste. Je fais malheureusement partie du deuxième clan. Pas d’importance. À l’instar de l’artiste, le spectateur est libre. L’un de donner et l’autre de recevoir… à sa guise.
Le happening commence dans le hall d’entrée où l’Excentrique pluridisciplinaire, affublé d’un grotesque manteau en similifourrure et d’une perruque risible, convie ses fidèles dans une salle dénudée de tous artifices. Du haut de ses échasses, il leur crie à tue-tête de s’installer pendant qu’il prépare son entrée.
Sur fond de sons de la nature (essaim de guêpes, criquets, moustiques ou chiens fous), James délaisse son accoutrement extravagant pour un attirail plus sobre : chemise blanche, kakis, veston sport et chapeau de paille. Puis il part explorer et habiter la scène au fil d’esquisses expressionnistes ponctuées de musique noise, de silences, d’atmosphères et de climats éclectiques. Improvisation brute. Nombre de joueurs : un seul. Durée : 30 minutes. Pas d’arbitre pour accorder de punition majeure (ou expulser le joueur pour cabotinage abusif). Public désarçonné qui se retient pour ne pas lancer quelques « claques » ou quitter la salle.
Sur la scène glauque, il y a trois micros, des objets épars, une immense bâche blanche qui accueille de rares projections ternes… et il y a Peter James qui égrène à vau-l’eau ses tableaux déjantés. Il a carte blanche. Or, les numéros partent en vrille dans tous les sens et ça déraille ferme aux limites du supportable.
Pendant près d’une demi-heure, on verra le performeur nu, cagoulé, croquant dans une pomme, se salissant les parties de poudre noire, traînant un mannequin et/ou une couverture de lutin, engueulant un mur, gesticulant en crise, s’éparpillant partout, hurlant le mot « sida » sur tous les tons, martyrisant un sac de frappe (punching bag) à grands coups de bâton et de pied-de-biche, et j’en passe volontairement. À quoi bon?
Si Peter James roule sa bosse depuis plus de trois décennies et connaît un certain succès auprès de publics avertis, on peut se demander: à quoi bon tout ce chaos ? Qu’il veuille déstabiliser voire choquer passe encore (rien d’étonnant venant du personnage), mais qu’il nous serve une soupe insipide par pur principe de nous amener « ailleurs », ça ne passe plus. Ce dernier opus fait mouche et n’est certainement pas à la hauteur des précédents.
Les fidèles inconditionnels seront servis. Personnellement, je passe. J’ai pris la liberté (comme le maestro lui-même nous l’a suggéré avant le spectacle) de recevoir ce happening à ma guise et de me sauver à l’entracte, persuadée qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. Geste impoli, certes. Mais comme M. James, j’assume pleinement.
Le chant du singe – Happening postpostpost est présenté au Théâtre La Chapelle du 10 au 13 octobre.