Deux milliards de dollars sur deux ans dans un Fonds « pour une économie à faibles émissions de carbone ». Un milliard de dollars sur quatre ans en soutien aux énergies vertes. 95 millions de plus par an pour la recherche fondamentale. Entre les fonds nouveaux et ceux qui existaient déjà, mais qui ont été augmentés, les observateurs avaient du mal à s’y retrouver mardi, la semaine dernière. Mais une chose était sûre: la science avait effectué un retour à Ottawa.
Pendant que les journalistes politiques analysaient en soirée combien ce premier budget de l’ère Trudeau avait une allure « anti-Harper », d’autres en avaient déjà repéré les empreintes :
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le retour du programme dit Région des lacs expérimentaux, reconnu internationalement et qui avait failli disparaître en 2014 ;
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la phrase assassine « des mesures visant à rétablir la confiance dans les processus d’évaluation environnementale » ;
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et pas moins de sept occurrences de l’expression « données probantes » dans le chapitre sur l’économie et l’environnement.
On savait que le gouvernement mettrait de la viande autour de l’os de sa stratégie climatique, mais personne n’avait apparemment prévu ce Fonds affecté à une « économie à faibles émissions de carbone ». Encore que les détails restent flous : des petits montants saupoudrés ici et là (62 millions de dollars pour des infrastructures aux « carburants de remplacement », 128 millions pour des programmes d’efficacité énergétique, etc.) en font-ils partie ?
Et des zones d’ombre subsistent. Le mot innovation revient un peu partout dans les 308 pages du Budget 2016 du ministre William Morneau, mais le plan sur l’innovation « coordonné par des ministères clés » reste à écrire — et les détails du milliard en soutien aux énergies vertes dépendront de ce programme sur l’innovation. Quant à la sous-section « Développer des technologies pétrolières et gazières plus propres », elle se limite à deux phrases très concises. Enfin, l’Institut de la fonction publique, qui regroupe les scientifiques fédéraux, se plaignait mardi soir que les questions de droit de parole des chercheurs gouvernementaux ou de « protection de l’intégrité scientifique » n’aient pas été abordées du tout.
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Les collèges et universités reçoivent un cadeau : 2 milliards $ sur deux ans pour un fonds destiné à contribuer jusqu’à 50 % des coûts d’amélioration de leurs infrastructures, « en partenariat avec les provinces » (un programme qui était disparu sous le gouvernement Harper). La réaction officielle de l’Association canadienne des collèges et universités est positive.
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Les sept musées nationaux en reçoivent aussi un, plus inattendu : 387 millions de dollars qui n’avaient pas fait l’objet de promesses électorales.
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La lutte à la pollution de l’air hérite de 345 millions $ sur 5 ans, tandis que la sécurité des aliments, malmenée ces dernières années, reçoit 38 millions sur 2 ans.
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Plus prévisibles : un soutien de 237 millions $ à Génome Canada sur trois ans et de 290 millions $ sur quatre ans à la station spatiale internationale.
Et en sus des 95 nouveaux millions $ distribués aux organismes subventionnaires pour de la recherche fondamentale, un paragraphe signale que la ministre des Sciences Kirsty Duncan effectuera « un examen complet de tous les éléments du soutien fédéral à la science fondamentale au cours de la prochaine année ».