Pierre-Marc René
Le ministre fédéral des Affaires Étrangères, Peter Kent, souhaite renforcer les relations du Canada avec le Mexique, un pays qu’il considère comme ami et qui n’a pas exploité toute sa richesse, tant économique que culturelle.
De passage à Mexico en compagnie de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, le diplomate a échangé avec le président du Mexique, Felipe Calderón, et celui du Sénat Carlos Navarrete Ruiz, pour enclencher les négociations de l’Initiative Mexique-Canada, qui se veut un parallèle à l’Accord de Libre-Échange Nord-Américain (ALÉNA).
«Les relations entre les deux nations se sont dégradées au cours des dernières années. Nous considérons le Mexique comme un pays important pour notre économie, étant donné que de nombreuses entreprises canadiennes y sont présentes, mais aussi parce que des milliers d’agriculteurs mexicains viennent aider nos producteurs chaque année grâce au Programme de Travailleurs saisonniers», a expliqué le ministre.
«Malgré l’ALÉNA, il y a des thèmes et des échanges autant culturels qu’économiques entre le Canada et le Mexique, qui ne concernent pas nécessairement les États-Unis et qui compliquent nos relations lors des négociations. Pour faciliter les échanges, nous voulons créer un accord bilatéral avec Mexique sans avoir à passer par les États-Unis », a-t-il ajouté.
L’Initiative Mexique-Canada prévoit aussi augmenter les échanges interculturels, scientifiques et techniques, la formation de policiers contre le crime organisé et le narcotrafic et la promotion de la démocratie et de la transparence.
Plus de 26 milliards de dollars sont investis chaque année entre les deux pays par les échanges commerciaux. Pour le ministre, il est temps de resserrer les liens qui se sont vus affecter davantage à la suite de l’imposition en juillet dernier d’un visa pour les visiteurs mexicains au Canada, ce qui a créé une onde de choc au Mexique.
«C’est très regrettable que notre gouvernement ait dû imposer un visa et cela a affecté nos relations, mais le premier ministre Harper a expliqué au président Calderón qu’il n’y avait pas d’autre choix, parce que trop de Mexicains demandaient le refuge au Canada sans raison valable, mais aussi parce que notre système d’immigration est trop permissible, ce qui a ralenti le processus des réfugiés qui en ont vraiment besoin», a dit Kent en entrevue.
Selon les données de l’ambassade canadienne à Mexico, plus de 40 000 visas ont été remis depuis la mi-juillet, et on s’attend à ce que ce chiffre atteigne 120 000 cette année. Le diplomate a toutefois affirmé que l’imposition du visa sera temporaire, le temps de régulariser le système, mais que cela pourrait prendre quelques années avant qu’il soit retiré.
Pour calmer la grogne des Mexicains face à l’imposition des visas, le ministre Kent a souligné le fait que le gouvernement a facilité le processus d’émission des visas.
«Nous souhaitons que les Mexicains viennent au Canada et on a tenté d’éliminer le plus de documents possibles pour faciliter le processus. La documentation demandée est moins importante que dans d’autres ambassades et le système est plus rapide.»
Pour sa part, la gouverneure générale a mentionné durant son discours à la résidence présidentielle mexicaine à propos des visas que «dans toutes les familles et les meilleurs amis, il y a des différends», mais qu’elle était confiante à ce que les deux pays trouvent une solution.
Elle a aussi souligné l’importance de la lutte des droits humains et de la condition des femmes au Mexique, un thème qu’elle a fait son cheval de bataille durant son mandat.
Michaëlle Jean qui en est à sa dernière visite à l’étranger d’ici la fin de son mandat en septembre 2010, se rendra au cours des prochains jours au Guatemala et au Costa Rica.