Daphné Brouillet
Tourné en noir et blanc, le dernier long métrage de Samuel Benchetrit suit la désormais interminable lignée de réalisateurs qui puisent à gauche et à droite le plus gros de leur inspiration chez des cinéastes marquants.
J’ai toujours rêvé d’être un gangster est un film à sketches qui, comme son nom l’indique, met en scène des apprentis gangsters, dont les faux pas mènent à des situations à la fois cocasses et absurdes. Porté par une belle brochette d’interprètes, dont Anna Mouglalis (que l’on a aussi pu voir au festival dans Coco Chanel et Igor Stravinsky), Jean Rochefort et le regretté Alain Bashung, la comédie noire se révèle un autre hommage à l’histoire du cinéma.
Comme l’ont soulevé plusieurs, la scène où Alain Bashung et Arno discutent à la Cafétéria (point névralgique du film chorale) rappelle énormément celle dans Coffee And Cigarettes, de Jim Jarmusch, mettant en vedette Iggy Pop et Tom Waits autour d’un café. En plus de truffer son film de références, Benchetrit tourne aussi dans cet esprit post-moderne, en filmant dans un style « à la manière de… », tel un étudiant de cinéma qui en met un peu trop pour étaler son encyclopédie cinématographique. Tarantino nous a servi cette sauce maintes et maintes fois; elle commence à tourner… Si un Carax, avec Mauvais Sang (1986) intégrait habilement des éléments d’intertextualité il y a de cela plus de vingt ans, quelqu’un qui voudrait répéter l’exercice avec brio aujourd’hui doit redoubler d’efforts pour impressionner son public.
Ceci étant dit, J’ai toujours rêvé d’être un gangster ne manque pas de charme, avec son humour noir bien maîtrisé et exprimé par le biais de personnages attachants dans leur maladresse. Le scénario sur lequel repose le tout a d’ailleurs remporté les honneurs au dernier festival de Sundance. En somme, un divertissement sympathique, qui est pourtant loin de l’œuvre iconoclaste annoncée par le festival.