Pour sa 23e édition, le Festival international de la littérature (FIL) a opté pour le thème « rencontre de l’autre », du 22 septembre au 1er octobre.
« Montréal fourre ! » a été le premier vers jeune et espiègle récité sur scène par le comédien Dany Boudreault, qui faisait partie du trio présentant le concert folk-rock de chambre La fin du monde est une fausse piste. Puis, la matinée s’est terminée sur le vers « L’humiliation a une ville, Montréal poésie » d’une poète disparue qui avait les mots gravés en elle malgré la piètre qualité du vidéo amateur. La réputation de ville aux mœurs légères serait-elle contenu entre ces vers? Assumer la sensibilité des Montréalais au cœur d’un bassin nord-américain prude, serait-ce le paragraphe qui manquait aux célébrations du 375e anniversaire?
Après l’apparition de la muse Sophie Desmarais, la comédienne Émilie Bibeau est venue nous entretenir d’histoires d’amour de jeunes qui partagent les mêmes habitudes dont visionner les capsules de Fabrice Luchini. « Novembre, pis sa lumière de marde ! », a-t-elle énoncé en mettant l’accent sur le « a » pour annoncer sa Chronique d’un cœur vintage.
Dans un registre plus mature ou moins spontané, les comédiennes Gabrielle Lessard, Marika Lhoumeau et Marie-Thérèse Fortin nous ont introduits à une certaine spatialité des ruptures amoureuses via le recueil Larguer les amours.
Alexis Martin, metteur en scène aperçu au petit écran sous le couvert de personnages éclectiques, autant sadiques que bénins, va adapter la lecture du roman Salut Galarneau ! de l’homme de lettres, Jacques Godbout.
Clin d’œil aux arts visuels, le FIL offre la scène à l’auteur et peintre d’origine acadienne Herménégilde Chiasson.
Micro ouvert
Assister à des événements littéraires donne souvent l’impression d’être un étranger dans un club de lecture de romans ou de poésie. À défaut de la littérature française avec son canon de grandes œuvres et ses auteurs monarques, le tout embaumé par l’Académie, la littérature inclue tout ce qui est écrit des textos aux livres sacrés en passant par la presse. Ainsi, le commun des mortels devrait se sentir interpellé par un rendez-vous littéraire.
Cependant, le contexte socio-économique de l’individu, voire historique, contribue à ce sentiment d’exclusion. Il fut un temps où l’acte d’écrire traduisait la volonté de rendre compte d’une réalité, c’est-à-dire de prendre le temps de mettre sur papier un vécu marginalisé par le discours dominant. On peut penser à Eduardo Galeano, Simone Weil ou Hunter S. Thompson. Aujourd’hui, l’écrivain Salman Rushdie, les caricaturistes du Jyllands-Posten et l’humoriste Dieudonné présentent des rhétoriques qui sont de véritables problèmes littéraires.
L’impression du club de lecture existe d’une part par des balises francophones et anglophones, et d’autre part, parce que la culture est devenu un milieu qui se referme sur lui-même en banlieue du politique. L’enjeu n’est-il que de recevoir les fonds nécessaires à la tenue de l’événement afin que les festivaliers viennent et passent un bon moment? L’essai pourrait davantage jouer du coude entre les romans et les recueils de poésie.
À l’initiative du poète Carl Bessette, le FIL va offrir à quiconque qui a un texte en main de participer au plus long micro ouvert jamais tenu du 22 septembre au 1er octobre, 24 heures sur 24! Le micro ouvert reposera sur son pied au Sporting Club Montréal à l’angle de la rue Villeneuve et du boulevard Saint-Laurent, n’oubliez pas de vous inscrire.
Pour plus d’information sur le FIL: http://www.festival-fil.qc.ca/2017/