Ah qu’il est cool! Ah qu’il est rythmé! Oui, The Hitman’s Bodyguard arrive à point pour terminer l’été du bon pied. Le hic? Ça ne fonctionne malheureusement pas à plein régime parce que tous les éléments, efficaces individuellement, clochent indubitablement lorsque mis côte à côte.
Les contraires s’attirent. Une notion dont raffole le cinéma dans tous les genres imaginables. Bien sûr, la romance l’emporte souvent, mais l’action aime bien s’en enticher également. Comme quoi, des duos iconiques au cinéma on peut en compter plusieurs et d’autres, sans nécessairement marquer leur époque, peuvent s’avouer franchement efficaces.
Récemment, on peut penser rapidement à Dwayne Johnson et Kevin Hart dans le mésestimé Central Intelligence ou encore aux indispensables Jonah Hill et Channing Tatum dans les délirants et inoubliables 21 Jump Street et 22 Jump Street. Avides d’humour, mais également d’action, on pouvait s’attendre à beaucoup de la part de Ryan Reynolds et de l’unique Samuel L. Jackson. Malheureusement, leur charisme n’arrive pas à créer la chimie nécessaire puisqu’il y a plutôt un désir de s’approprier les gags au lieu de créer une véritable synergie.
Les interprètes ne sont sûrement pas à dénoncer, bien qu’on regrette que Salma Hayek se retrouve avec un rôle aussi grossier après toute la nuance qu’elle a exploitée dans l’hypnotisant Beatriz at Dinner. Même chose pour le truculent Richard E. Grant qui disparaît aussi vite arrivé et Gary Oldman qui se retrouve en mode Alan Rickman dans Die Hard dans un rôle enrobé d’un faux accent exagéré.
Le problème vient plutôt de la réalisation et du scénario. Tom O’Connor et Patrick Hughes ne sont pas des noms à garder sous le radar puisqu’ils passent certainement plus de temps à se sentir cool et à jouer aux ingénus qu’à l’être véritablement. Bien sûr, la trame sonore a son lot de succès, les situations ont du piquant, plusieurs séquences d’actions semblent s’aligner pour rejoindre les adeptes des John Wick et Atomic Blonde et plusieurs dialogues ont du mordant. On reconnaît même des airs de pastiche ici et là et des similitudes avec l’adaptation trop ignorée de The Man from U.N.C.L.E. de Guy Ritchie (on y reproduit plusieurs séquences à la lettre). Après tout même Atli Örvarsson va dans tous les sens dans ses compositions pour ajouter au côté définitivement flyé de l’entreprise, ou du moins, le désir d’être éclaté.
C’est ce qui finit par lasser dans un film qui n’a pas le contenu ni l’étoffe nécessaire pour approcher le deux heures. Bien sûr, il y avait du potentiel dans ce matching forcé d’un garde du corps et d’un tireur d’élite qui doit être utilisé comme témoin dans un grand procès contre un dirigeant accusé de grands crimes. Évidemment, leurs chemins se sont croisés par le passé et disons qu’ils ont chacun au moins une raison d’en vouloir à l’autre. Il y a aussi le fait que l’un des deux est méthodique et calculé et l’autre carrément aléatoire et spontané, créant indubitablement des discordes dans les méthodes.
Sauf que toutes ces possibilités de belles idées préfèrent se diriger vers le prévisible et de ne pas miser sur le meilleur de l’absurdité et des folies qui s’offrent à eux et à l’ensemble. The Hitman’s Bodyguard est donc une belle proposition, mais qui n’a pas le talent nécessairement derrière la caméra pour élever celui devant. Comme quoi tout le monde semble prendre des vacances sur ce projet qui s’avère au final beaucoup trop léger, donc rapidement oublié. Au mieux, ça a le mérite d’être un tant soit peu divertissant à ses heures.
5/10
The Hitman’s Bodyguard prend l’affiche ce vendredi 18 août.