Le New York Times a dévoilé mardi une politique plus stricte en ce qui concerne l’utilisation de sources anonymes, exigeant que chaque instance du genre fasse l’objet d’une approbation de la part de l’un des chefs de pupitre du grand quotidien new-yorkais.
Selon ce qu’écrit le site spécialisé en médias Poynter.org, ces règles révisées, annoncées aux employés de la salle de nouvelles dans un courriel envoyé par l’éditeur Dean Baquet, ont été déterminées après consultation avec « les journalistes et chefs de section les plus expérimentés » du Times, et réclament que l’emploi de sources anonymes fasse l’objet d’une attention plus importante.
« L’utilisation de sources anonymes est la plus risquée dans les articles exclusifs et portant le plus à conséquence », écrit M. Baquet. « Mais l’apparition de sources anonymes dans des articles gouvernementaux et politiques de routine, ainsi qu’ailleurs dans le journal, remet en cause notre crédibilité auprès des lecteurs. Ceux-ci citent régulièrement les sources anonymes comme l’une de leurs plus grandes inquiétudes par rapport au journalisme du Times. »
Le courriel de M. Baquet impose une série de conditions en vertu desquelles l’anonymat est permis. Dans le cas d' »un article dont les principaux éléments d’informations requièrent l’anonymat », il sera nécessaire de discuter avec l’un des rédacteurs en chef ou l’éditeur.
Dans toutes les autres circonstances, ce sont les chefs de pupitre ou leurs adjoints qui devront donner le feu vert. Quant aux citations directes attribuées à des sources anonymes, elles seront moins nombreuses et devront être approuvées, encore une fois, par un chef de pupitre ou un adjoint.
Enfin, un chef de pupitre ou ses supérieurs devront connaître l’identité d’une source anonyme avant publication d’un article.
Cette nouvelle façon de voir les choses est annoncée après des pressions importantes de la part de Margaret Sullivan, l’ombudsman du journal, qui a largement écrit sur la question de l’attribution regrettable de citations à des sources anonymes dans le Times. Une chronique récurrente appelée AgonyWatch recensait les exemples d’attribution anonyme jugés particulièrement sans intérêt par Mme Sullivan, et, dans un texte paru en octobre 2013, citait les sources anonymes comme l’une des plus importantes doléances des lecteurs « Je constate une déconnexion – un grave problème de compréhension – entre la façon dont les journalistes perçoivent l’utilisation de sources anonymes et comment celles-ci sont perçues par les lecteurs », écrivait-elle alors.
Le Times a également récemment réglé un imbroglio à propos d’informations erronées fournies par des sources anonymes. En juillet, le journal avait cité de telles sources dans un article affirmant d’abord que le département de la Justice lançait une enquête criminelle à propos des courriels de l’ex-secrétaire d’État Hillary Clinton. Cette affirmation a par la suite été retirée et l’affaire a alimenté le désir d’un meilleur encadrement des sources anonymes.