Il faut concentrer les efforts de lutte au tabagisme auprès des jeunes adultes, estime le directeur national de santé publique du Québec dans un rapport publié vendredi.
Le document, intitulé Le tabagisme chez les jeunes adultes – Agir ensemble pour diminuer la prévalence, dénote l’intersection de deux tendances: non seulement le groupe des 18 à 34 ans est-il celui qui comporte la plus grande proportion de fumeurs (près d’une personne sur trois), mais il s’agit également des personnes vers qui les plus jeunes se tournent pour obtenir conseils et inspiration. Avec, à la clé, un plus grand risque que ces mêmes jeunes se mettent eux aussi à consommer des produits du tabac.
Selon les plus récentes données disponibles, soit celles de 2013-2014, quelque 21% des Québécois âgés de 12 et plus consommaient des produits du tabac (cigarettes, cigares, etc.), soit environ 1 425 900 personnes. Si la situation s’est améliorée au cours des dernières années, mentionne le document, « la partie n’est toutefois pas gagnée, puisque la moyenne québécoise de fumeurs actuels demeure au-dessus de la moyenne canadienne, qui est de 18% ».
Pour expliquer la proportion de jeunes fumeurs elle aussi plus élevée au Québec que dans l’ensemble du pays, le rapport avance quelques hypothèses: la multiplication des produits, d’abord, avec la pipe à eau, les cigarillos, ainsi que la cigarette électronique. Ensuite, les données disponibles ne tiennent pas compte de l’entrée en vigueur, depuis la fin août 2016, de l’interdiction de vendre ici des produits du tabac comportant une saveur ou un arôme autre que celui du tabac. « Cette mesure législative, écrit-on dans le document, aura assurément une incidence sur les jeunes adultes, auprès desquels les produits aromatisés étaient très populaires. »
Pourtant, le constat est clair: « Aucun seuil n’est sécuritaire en ce qui concerne la consommation de tabac », martèle le document, qui rappelle que le tabagisme serait responsable de plus de 10 000 décès chaque année au Québec, dont la moitié surviendront avant l’âge de 69 ans.
Fumer aurait aussi un coût social et économique: il y a 15 ans, ce sont presque 4 milliards de dollars qui seraient ainsi partis en fumée, principalement sous la forme de pertes de productivité pour des causes de maladie et de décès prématurés. Plus récemment, en 2013-2014, le ministère des Finances parlait d’un impact direct sur le système de santé atteignant 1,6 milliard.
Quelles sont les solutions, dans ce cas, pour faire comprendre à ces jeunes fumeurs qu’il est plus qu’essentiel d’écraser? Québec dit vouloir utiliser à son avantage les divers canaux de communication existants, y compris le marketing social pour « cibler les plus vulnérables ».
« Ce type d’intervention offre l’occasion de s’adresser à des populations spécifiques en faisant une segmentation précise, par exemple en ciblant les groupes de jeunes les plus susceptibles d’être fumeurs ou les plus à risque de le devenir », lit-on dans le rapport.
« Pour favoriser l’abandon du tabagisme chez les adultes, les interventions jugées efficaces sont multiples et sont réalisées sur plusieurs plans pour viser un grand nombre de fumeurs »; si les recommandations sont souvent les mêmes que pour les adultes en général, le gouvernement dit avoir remarqué « certaines particularités » qui peuvent « servir de pistes de réflexion » afin de mieux desservir la clientèle des 18 à 34 ans.
On propose ainsi d’utiliser davantage les nouvelles technologies, soit les messages textes, les médias sociaux, les applications mobiles, les sites web, etc., ceux-ci semblant « prometteurs, particulièrement pour susciter l’intérêt des jeunes adultes ». Québec envisagerait également de lier les interventions antitabac à la pratiquer de l’activité physique.
« D’autres études sont toutefois requises pour conclure de l’efficacité de ces pratiques prometteuses et des conditions permettant de les optimiser », précise toutefois l’État.
Mieux connaître la réalité des jeunes adultes qui fument, mais aussi les tactiques de l’industrie du tabac; mieux rejoindre ces populations, et mieux protéger les jeunes adultes en réduisant leur accès aux produits du tabac et en les protégeant de la fumée secondaire… voilà ce que propose Québec dans son rapport.
« Nous devons intensifier les efforts auprès des clientèles plus vulnérables, dont les jeunes adultes. C’est la société québécoise tout entière qui en sortira gagnante », conclut-on.