Medieval 2: Total War a cela de difficile qu’il faut nécessairement s’attaquer à ce monstre de la Creative Assembly d’une façon ou d’une autre. Faut-il parler des 500 ans de temps de jeu? Des croisades? De l’invasion mongole? De la découverte de l’Amérique? Des guerres de religion?
Digne successeur de Rome: Total War (on ne se refait certainement pas avec les titres), Medieval 2, sorti en 2006, est bien entendu le remake d’une première version du jeu parue en 2002. Plus impressionnant sur le plan visuel, mais aussi plus ambitieux que Rome, Medieval 2 est toujours un excellent mélange de tactique au tour par tour et de stratégie en temps réel. Aux commandes du gouvernement et des armées d’un pays du Vieux continent, du Moyen-Orient ou de l’Afrique du Nord, le joueur devra conquérir un certain nombre de provinces pour s’assurer la victoire. Et ce, dans les délais impartis, en fonction de la durée de campagne sélectionnée.
De la carte stratégique, où il est possible de gérer les différentes villes de son empire en ajustant les taux de taxation, construire des bâtiments, recruter des unités et déplacer ses armées, on passe en mode combat lors d’un affrontement contre un ou plusieurs ennemis. Bataille rangée, siège, défense désespérée… Medieval 2, comme tous les jeux de la série Total War, brille surtout par l’ampleur de ses guerres. S’appuyant sur un moteur graphique amélioré par rapport aux améliorations déjà notoires de Rome, le jeu permet de faire s’affronter jusqu’à 2000 fantassins, cavaliers et engins de guerre sur une même carte, un exploit pour l’époque. Les concepteurs en ont aussi profité pour rehausser la présentation visuelle générale, ajoutant bosquets, brins d’herbe et forêts plus réalistes aux vastes plaines ennuyantes du titre précédent, en plus de remplacer les armées de soldats « clonés » de Rome par des visages relativement variés.
Peu ou pas d’histoire, dans ce Medieval 2, puisqu’il en revient au joueur de tracer sa destinée et de changer les événements de cette grande période moyenâgeuse. À la tête des Anglais, par exemple, il sera certainement possible d’écraser les Français. Ou, pour les Polonais, d’échapper à la domination de la Russie ou du Saint Empire germanique pour prendre le contrôle de l’Europe Centrale. Impossible, cependant, d’échapper aux conditions de victoire imposées par le jeu. Sous peine de défaite, il sera impératif de s’emparer du nombre de provinces requis, y compris d’un centre névralgique variant en fonction de la faction choisie. Pour les catholiques occidentaux, il faudra étendre sa volonté militaire dans 45 provinces, y compris Jérusalem ou Rome. Pour la première, la meilleure façon d’y arriver sera de participer à une croisade pour libérer la Terre sainte.
Car oui, la religion jouera un rôle particulièrement important, surtout en Occident. En construisant des lieux de culte, en recrutant des prêtres pour répandre la Bonne Parole et en brûlant les hérétiques sur le bûcher, le joueur sera bien vu par le pape, ce qui pourrait éventuellement lui permettre de placer ses propres servants du Christ sur le Saint-Siège. Attaquer ses voisins chrétiens ou agir contre les enseignements de la Bible pourrait plutôt mener à l’excommunication, et, pire encore, à une croisade contre ses propres terres.
Mieux encore, il est toujours possible de lever une armée pour marche sur Rome elle-même, et ultimement placer un pantin dans le Vatican, s’assurant ainsi la bonne volonté de l’Église. Attention à ne pas commettre le péché d’orgueil, toutefois: tous les hommes sont mortels, et un pape est si vite renversé ou assassiné…
Si les nations choisissent bien souvent d’en découdre les armes à la main, il est effectivement possible de manoeuvrer en coulisses: princesses chargées de séduire les généraux ennemis pour les pousser à faire défection, espions capables d’ouvrir la porte aux envahisseurs, assassins pouvant tuer les chefs de guerre et les rois, ou encore diplomates pouvant graisser des pattes… Tout est permis en cette époque sombre.
Si le jeu a définitivement vieilli, il est heureusement porté par quantité de modifications gratuites permettant qui d’améliorer l’apparence visuelle de l’ensemble, d’ajouter des factions, des unités, de nouveaux territoires… Le jeu compte aussi une expansion, Kingdoms, qui sépare certaines sections de la carte originale en de multiples régions plus petites, en plus d’ajouter de nouvelles unités, factions et bâtiments.
Plusieurs suites ont été publiées par Creative Assembly et Sega depuis la sortie de Medieval 2, dont deux jeux se déroulant au 18e siècle, mais le titre demeure pour l’instant le dernier à se dérouler dans l’ère médiévale. Un nouveau remake serait le bienvenu, d’autant plus que le moment serait parfait pour corriger certains problèmes. Sans tricher abondamment pour se donner des fonds illimités, par exemple, il est pratiquement impossible de l’emporter. Idem pour la nécessité de tenir les régions orientales contre les invasions mongoles. Ce dernier aspect est peut-être réaliste, mais voir sans arrêt déferler des hordes barbares capables de massacrer ses meilleures troupes en deux temps, trois mouvements, cela provoque son quota de frustrations. Tout comme le fait de devoir escalader une montagne escarpée pour anéantir une seule unité de paysans bien retranchés, ou encore de voir les inquisiteurs de l’Église massacrer les membres de la famille royale pour « manque de foi ».
Jeu solide, jeu efficace, mais jeu avec quelques problèmes, Medieval 2: Total War demeure un classique de la série. Certainement meilleur que Rome 2 à ses débuts, et peut-être même plus complet que le prochain titre dans les cartons, Warhammer: Total War. À se procurer sur Steam.