Cassandre Chatonnier
C’est la tempête au-dehors. Le père sort, s’écroule, disparait dans la neige. Quatre frères restent seuls dans leur maison. L’ainé prend les rênes, devient la figure d’autorité face aux trois plus cadets. L’un est studieux, le plus jeune est comique, et Léo est… silencieux.
Léo est différent, il cache un secret, dans une forêt enfouie dans son être. Il perçoit le monde de manière différente, un monde où le roi d’Espagne peut lui confier la mission d’aller explorer le monde, et où Christophe Colomb est un étrange mélange entre un toréador et un danseur de flamenco. L’attitude de Léo enrage Arthur, l’ainé, qui lui non plus ne parvient pas à communiquer vraiment, seulement avec des ordres. Les quatre acteurs Marc Beaudin, Guillaume Clausse, François Praud, et Baptiste Relat, sont justes, renouent avec l’enfance, sans tomber dans la caricature, sans fioritures. On sent les liens complexes qui unissent les frères, leurs différences et leurs points communs, les jalousies, leur amour doux-amer qu’ils ont les uns pour les autres.
La mise en scène hybride de Didier Girauldon, qui mêle à la fois un jeu naturaliste et du mouvement chorégraphié, nous permet de plonger dans l’univers imagé du jeune Léo, figure centrale de la pièce. Nous pouvons voir que tous les éléments représentés sont finement choisis, et nécessaires à la compréhension de l’histoire. Tout n’est pas représenté et c’est tant mieux.
De la même manière, la scénographie de Camille Vallat est sobre. Un grand plateau de bois incliné, qui met les personnages dans un constant déséquilibre, et qui donne à leur corps une expression qui fonctionne avec la dynamique de la pièce. De temps en temps, des projections vidéo de ce qui semble être d’aquarelle, viennent souligner avec délicatesse certains moments dramatiques.
Une pièce touchante, sur les rapports fraternels, mais avant tout sur la différence dans un contexte familial. C’est jusqu’au 26 mars à la salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier.