Marvel nous a souvent appris que c’était ses films de superhéros les plus inattendus qui s’avéraient les plus surprenants et souvent satisfaisants. Cela expliquerait l’incommensurable succès du premier volet des Guardians of the Galaxy, qui a été accueilli à bras ouverts autant par la critique que par le public. Voilà que toute la bande revient dans une nouvelle aventure survitaminée qui veut absolument faire plaisir, peut-être même un peu trop, à défaut de divertir amplement.
Guardians of the Galaxy, c’est surtout un space opera revisité à la sauce Disney Marvel en mode Star Trek de J.J. Abrams, le tout avec une trame sonore à tout casser. En tout cas, c’est bien plus qu’un film de superhéros, puisque ses sauveurs n’ont définitivement pas la tête de l’emploi, à défaut d’être immédiatement attachants. La suite tant attendue est exactement la même chose que le premier opus, mais étalé sur deux heures et vingt, ce qui, on l’admet, est un peu trop long pour son propre bien. D’abord, parce que les ralentis et les effets de style se multiplient à l’usure, mais aussi parce que le scénario abuse sur le côté émotionnel qui était quasi-inexistant lors du premier tour de piste.
En voulant à tout prix approfondir tous les personnages (des plus anodins aux plus importants) et en voulant absolument unir tout le monde même dans les liaisons les plus saugrenues, cette suite finit par rester un peu sur le cœur, même si le tout culmine en une mignonne finale pourtant assez réussie. Bien sûr, encore plus à l’aise que la veille, et favorisant les grands espaces, en plus de bien ponctuer ses scènes d’actions efficaces et pas trop nombreuses, James Gunn – qui assure toute la réalisation et tout le scénario – se montre d’une grande virtuosité en donnant droit à des séquences chorégraphiées avec beaucoup de doigté (la scène sur Come a Little Bit Closer est magnifique). Si la majorité de ses choix musicaux sont loin d’être surprenants (Mr. Blue Sky, vraiment?), il sait quand même comment les utiliser, comme cette scène d’ouverture qui pourrait difficilement être une meilleure entrée de jeu. On risque également d’avoir The Chain de Fleetwood Mac bien longtemps en tête après le visionnement.
Sauf que son attachement aux personnages est flagrant, et on aurait préféré qu’il resserre davantage le rythme pour le rendre redoutable, plutôt que de nous forcer à aimer encore plus ces personnages qu’on appréciait pourtant déjà, sans nécessairement leur donner des motivations et des explications plus flagrantes sur leur nature actuelle. On adorait ainsi du premier film sa façon de déjouer certaines attentes, d’aller constamment droit au but et de ne pas trop tourner autour du pot.
Ici, on enfonce constamment le couteau dans la plaie de la famille, ce thème qu’on développera à l’usure de toutes les façons possibles, autant par le biais de l’histoire principale qu’en arrière-plan. Au moins, les personnages sont toujours aussi colorés et, si on a changé un peu la nature de certains (pourquoi a-t-on simplifié Drax à un psychopathe qui passe son temps à éclater de rire plutôt qu’à la statue dénuée de réactions d’avant?), on favorise majoritairement un sens de l’absurde et du ridicule qui donne droit à des situations fort humoristiques, tout comme à des répliques des plus savoureuses.
Par ailleurs, outre les principaux interprètes qui reviennent tous avec un plaisir évident, on peut compter sur des additions qui font du bien, comme un Kurt Russell qui se fait plaisir et une irrésistible Pom Klementieff sous les traits de la nouvelle venue Mantis. Il y a aussi ces multiples caméos de différents calibres qui sauront créer de fortes réactions ce, jusqu’à la fin du démentiel générique de fin ponctué par cinq scènes cachées, mais aussi par un sens du bonheur qui fait un bien fou. Et aussi parce que la pièce Guardians Inferno est jouissive.
C’est donc ce sentiment de liberté et de créativité éclatée qui s’avérera la plus grande réussite de ce second volet qui a souvent des allures de fête. Alors que les films du MCU sentent toujours de plus en plus la formule (on aurait espéré plus de Civil War), si Vol.2 ne réinvente pas le schéma hollywoodien (au final, en plus d’être prévisible, le méchant est d’un tel ennui), il sait habilement apporter une pause dans la machine de Marvel en créant une histoire fermée qui ne fait pratiquement pas référence aux films passés et à venir. Oui, vous avez bien lu, Guardians of the Galaxy Vol. 2 se contente de sa propre personne sans vouloir tout introduire et tout mettre en contexte ce qui s’en vient, soit tous les Avengers réunis (mets ça dans ta pipe Batman V Superman: Dawn of Justice).
Néanmoins, l’œuvre est imparfaite, comme on l’a dit précédemment, sauf qu’elle a le mérite d’essayer des choses et de prendre des risques ici et là et, si ce n’est pas tout qui fonctionne, au moins, on réalise que c’est de loin mille fois plus convaincant que des tas d’autres propositions du genre qu’on peut bien nous amener. Il faudra seulement se retenir, cette fois et admettre à l’avance qu’il s’agit d’un divertissement popcorn de grand calibre, à défaut d’être un chef-d’œuvre. Cela évitera bien des déceptions de la part de ceux qui veulent dur comme fer que cette suite soit au diapason de son prédécesseur.
Pour le reste, ni meilleur ni moins bon que le premier, Guardians of the Galaxy Vol.2 est délirant et étampera sans mal un sourire sur le visage de tous ses spectateurs, à défaut de les transformer, puisqu’il est peu trop long au bout du compte. Pour le reste, on avouera que ce sera déjà ça de gagné et on appréciera ce bon moment passé en salles sombres.
7/10
Guardians of the Galaxy Vol.2 prend l’affiche en salles ce vendredi 5 mai.
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