En terre d’Islande, la Deuxième Guerre mondiale entraîne son lot de problèmes. Officiellement neutre dans le conflit, le pays est de facto occupé par les forces britanniques, puis américaines, afin d’éviter une invasion par l’Allemagne nazie. Dans ces circonstances délicates, un meurtre sordide fera planer les pires soupçons.
Bien connu pour ses romans policiers, y compris pour l’excellent Le Duel, portant sur la rencontre avortée entre Bobby Fischer et le Soviétique Spassky et une affaire de meurtre se déroulant en parallèle, Arnaldur Indridason offre ici, avec Dans l’ombre, premier roman de la Trilogie des ombres, un regard sur les problèmes de la société islandaise pendant le deuxième conflit mondial. Le meurtre d’un représentant de commerce force la police islandaise, aux effectifs plus que réduits, à s’associer à la police militaire pour faire la lumière sur l’affaire.
Rapidement, il apparaîtra que la présumée victime aurait des liens avec le Troisième Reich, et pourrait ainsi agir en tant qu’espion pour les forces allemandes. Sa relation compliquée avec son père, et les étranges expériences menées par celui-ci plusieurs années auparavant viennent davantage compliquer les choses.
Bien entendu, Indridason met son style d’écriture au service de ses lecteurs, et il est impossible de pas être transporté vers cette île si particulière, à la fois européenne et occidentale, mais aussi fortement indépendante.
Le hic, toutefois, c’est qu’il ne se passe honnêtement pas grand chose. Notre duo d’enquêteurs examineront lentement mais sûrement les diverses pistes qui leur sont offertes, mais on ne sent pas d’urgence. Les employeurs du policier militaire menacent certes de reprendre l’enquête des mains de la Criminelle, mais leur menace n’est jamais mise à exécution, pas plus qu’il n’y a de course-poursuite, de multiplication des meurtres, ou encore de traque digne de tout bon suspense ou thriller. Non, nos hommes mènent l’enquête de façon relativement efficace, comme le ferait tout bon policier de nos jours. Et c’est à peu près tout. On tourne la dernière page du roman, et on a l’impression que les thèmes de l’espionnage, de l’Allemagne nazie ou de la guerre en général ne sont pas suffisamment exploités pour susciter un intérêt marqué de la part des lecteurs. Et si c’est là ce qui nous attend pour les deux autres tomes de la trilogie, nul besoin de retenir son souffle pour la suite.