Alors que le livre du comptable Pierre-Yves McSween En as-tu vraiment besoin? est un immense succès en librairie, le gouvernement vient à peine de décider que le cours d’éducation financière sera obligatoire pour les jeunes de secondaire 5.
Les jeunes sont en effet les premières victimes du crédit, bien souvent synonyme de bière accessible rapidement , mais qui reste un mystère total dans son fonctionnement. Et s’ils ne peuvent apprendre ces notions à l’école, peut-être que leurs parents pourraient le faire… mais rien n’est moins sûr! Eux aussi jonglent avec leurs propres dettes: en moyenne, aux alentours de 18 000$ dollars sur les cartes de crédit, les prêts automobiles et les prêts personnels (selon Équifax). Nous serions la deuxième province, à part le Manitoba, la plus endettée au pays.
Et pourquoi ces cours n’enseigneraient que des fonctions strictement personnelles de l’argent, comme l’épargne et le crédit? Bien que très utiles, pourquoi ne pas repousser le tabou plus loin et voir des notions entrepreneuriales, la Bourse, rédiger son testament, la pension alimentaire, etc. Puisque l’argent est une partie si présente de nos vies, pourquoi ne pas en parler, et de façon positive? Ça ne peut qu’être gagnant. Pourquoi ne pas même commencer à en parler au primaire, tant qu’à y être?
Alors que nous rouspétons (avec raison!) contre les dirigeants de Bombardier qui s’en mettent plein les poches, contre les paradis fiscaux, les politiciens véreux qui acceptent les pots-de-vin, alors que Loto-Québec continue de faire des profits gigantesques chaque année, peut-être que si nous étions plus en mesure de comprendre les rouages du système financier, ce genre de gaspillage des fonds publics arriverait moins. Peut-être que si la valeur de l’argent était vraiment inculquée dès un jeune âge, notre tolérance envers ceux qui tiennent les cordons de la bourse serait moins élevée. Peut-être que nous ne ferions pas que rouspéter, mais bien prendre les moyens pour que ça n’arrive pas.
En attendant, nous rouspétons. Contre notre propre ignorance.
Dans la préface du livre de McSween, Paul Arcand dit: « Encore aujourd’hui, il y a ce fond judéo-chrétien qui remonte à la surface. Si Donald Trump est insulté quand les experts sous-évaluent sa richesse, au Québec, il faut la minimiser, se faire discret pour contrer la jalousie, l’envie ou le mépris. Nous sommes des analphabètes fonctionnels en matière de finances personnelles. »
Et il ne pourrait pas avoir plus raison.