À émissions gargantuesques, facture qui l’est tout autant: selon une étude de l’Université Dartmouth, la chaleur extrême liée aux émissions de carbone et de méthane des 111 entreprises les plus polluantes de la planète a déjà coûté plus de 28 000 milliards de dollars à l’économie mondiale.
Pire encore, indique l’étude en question, les cinq pires émetteurs de CO2 et autres gaz nocifs ont provoqué à eux seuls des pertes de l’ordre de 9000 milliards, entre 1991 et 2020.
Et la pire compagnie de ce triste palmarès, elle, aurait indirectement entraîné des impacts économiques allant de 791 milliards à 3600 milliards de dollars américains.
« La richesse de l’économie occidentale s’appuie sur les combustibles fossiles, note Christopher Callahan, le principal auteur des travaux.
« Et tout comme les compagnies pharmaceutiques ne sauraient être absoutes des effets négatifs d’un médicament grâce aux effets positifs de ce même remède, les entreprises extractant ou produisant les combustibles fossiles ne devraient pas être épargnées lorsqu’il est temps d’évaluer les dégâts de leurs produits, même si ceux-ci ont généré de la richesse. »
« Nous affirmons que la question de la responsabilité climatique est close », affirme pour sa part Justin Mankin, professeur adjoint de géographie. Il s’agissait, dit-il, de déterminer s’il était bien possible d’imputer la responsabilité de la crise climatique aux émissions d’entreprises spécifiques.
« Notre cadre de référence permet d’attribuer, de façon claire, des dégâts climatiques à l’échelle corporative. Cela devrait aider les tribunaux à mieux évaluer les réclamations en lien avec les pertes et les dérangements découlant des changements climatiques provoqués par l’humain », a-t-il ajouté.
Cette question de l’attribution climatique est déjà enchâssée en politique, notamment au Vermont, où une loi adoptée dans la foulée des importantes inondations de 2023 permet au procureur général de l’État de pousser les grandes compagnies pétrolières et gazières à aider à payer une partie de la facture, lorsque les catastrophes environnementales peuvent être liées à leurs émissions polluantes.
Les auteurs des travaux soutiennent que leur étude va au-delà des méthodes habituelles de calcul des émissions polluantes, qui s’appuient habituellement sur la quantité totale de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, ainsi que sur la question du « parties de CO2 par million ».
« Notre approche simule directement les émissions, ce qui nous permet de suivre le réchauffement et ses répercussions à la trace, et ainsi identifier les émetteurs de pollution », mentionne M. Callahan.
« La chaleur extrême est indubitablement liée à la crise climatique, et les pertes économiques qui en découlent ont déjà fait l’objet d’actions en justice. Alors, c’est un domaine idéal où illustrer l’application de notre approche. »
« Nous vivons aussi dans un monde qui s’est largement réchauffé au cours des 20 dernières années, Notre analyse n’est pas un exercice de prédiction de l’avenir, mais c’est plutôt un effort de documentation où nous démontrons ce qui s’est déjà produit, en plus d’en expliquer la cause. »