Pistolets, mitraillettes, munitions, bombes, missiles, chars d’assaut, avions… Les arsenaux ne dérougissent pas, un peu partout sur la planète, alors que les dépenses militaires ont atteint la somme de 2718 milliards de dollars américains, l’an dernier, révèle une nouvelle note d’information du SIPRI, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.
Ce montant représente une augmentation de près de 10%, comparativement à 2023. Il s’agirait ainsi « de la plus forte hausse annuelle depuis au moins la fin de la guerre froide », lit-on encore dans ce document.
Et en tête du classement des nations dépensant le plus pour s’armer jusqu’aux dents, on trouve les États-Unis, la Chine et la Russie, mais aussi l’Allemagne et l’Inde. Ensemble, ces pays représentent 60% de toutes les dépenses militaires comptabilisées par le SIPRI, pour un total de 1635 milliards.
En fait, les 15 pays les plus dépensiers, dans ce domaine, ont tous augmenté leurs achats d’armements, en 2024, sur fond d’enlisement de l’invasion russe en Ukraine, des différents conflits en Afrique, et de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, avec ses débordements au Liban, notamment. À l’échelle planétaire, c’est pas moins de 2,5% du PIB qui a donc été consacré aux dépenses militaires.
« Plus de 100 pays du monde ont augmenté les sommes consacrées à la défense, en 2024 », mentionne ainsi Xiao Lang, chercheur au sein du SIPRI, par voie de communiqué.
« À mesure que les gouvernements s’appuient de plus en plus sur les forces de sécurité privées, souvent aux dépens d’autres domaines, les impacts négatifs sur l’économie et le tissu social pourraient se répercuter sur nos sociétés pendant de nombreuses années. »
Ukraine, Russie, et la course aux armements
Sans surprise, la guerre en Ukraine a alimenté une nouvelle hausse des dépenses militaires. Chez les Russes, d’ailleurs, c’est pas moins d’un dollar sur cinq, dans le budget de Moscou, qui est acheminé aux forces armées, pour un total d’environ 150 milliards l’an dernier.
En ce qui concerne l’Ukraine, dont la population et les moyens sont forcément bien moindres, Diego Lopes da Silva, lui aussi chercheur au sein du SIPRI, explique que les options de Kiev sont beaucoup plus limitées. « L’Ukraine transfère présentement tous ses revenus fiscaux à la Défense. Cela sera difficile d’augmenter les dépenses militaires avec un cadre aussi strict », dit-il.
Pour l’année 2024, Kiev a consacré près de 65 milliards de dollars pour tenter de se défendre contre l’agresseur russe, soit 43% des dépenses militaires de Moscou.
Mais la guerre en Ukraine n’a pas que des incidences régionales: c’est toute l’Europe qui cherche, plus ou moins rapidement, à se réarmer. En Pologne, voisine de l’Ukraine, les dépenses militaires ont bondi d’un faramineux 31%, l’an dernier. En Allemagne, la proportion est sensiblement la même, avec 28% de croissance du budget de la Défense.
« Pour la première fois depuis la réunification, l’Allemagne est devenue le pays dépensant le plus pour son armée en Europe de l’Ouest, en raison du fonds spécial de 100 milliards d’euros annoncés en 2022 », a souligné M. Scarazzato.
Le réarmement européen a également propulsé les dépenses militaires des membres de l’OTAN, qui ont représenté 55% de l’ensemble des sommes déboursées sur la planète, en 2024. Et des 32 membres de l’Alliance atlantique, 18 d’entre eux ont atteint la cible officieuse de 2% du PIB consacré à la Défense, fait encore savoir le SIPRI.
Tempête au Moyen-Orient
Plus à l’est, alors qu’Israël est toujours engagé dans sa campagne militaire à Gaza, les dépenses de l’État hébreu en armements ont fortement augmenté, pour une croissance de 65%, l’an dernier, soit « la plus forte augmentation annuelle depuis la guerre des Six Jours, en 1967 ».
Au Liban voisin, pourtant embourbé dans une crise politique, économique et sociale majeure depuis des années, l’armée a vu son budget gonfler de 58%. Le montant total, 635 millions de dollars américains, représente cependant à peine plus de 10% des 46,5 milliards dépensés par Israël.
Enfin, du côté de l’Iran, les dépenses militaires ont plutôt reculé de 10%, en 2024, même si Téhéran est impliquée dans plusieurs conflits, notamment en fournissant des drones à la Russie. « L’impact des sanctions contre l’Iran a fortement limité sa capacité à augmenter ses dépenses », indique la note d’information.
Et encore plus à l’est, au Myanmar, la situation particulièrement volatile dans le pays, avec de nombreux groupes rebelles et insurrections, les dépenses militaires ont gonflé de 66%, soit la plus forte hausse en Asie et en Océanie.