Dernière controverse d’une longue liste qu’on doit à Robert F. Kennedy Jr: il a nié la recherche de causes génétiques, et il a affirmé qu’un autiste n’était pas fonctionnel. Des propos qui ont été critiqués autant par des scientifiques que par des parents d’autistes.
Le fait de nier que l’autisme puisse avoir des causes génétiques s’inscrit dans la croyance de longue date de ce ministre américain de la Santé à l’effet que l’autisme serait une « épidémie » causée par les vaccins: « les gènes ne causent pas d’épidémies », a déclaré RFK lors d’une conférence de presse le 16 avril. « Vous avez besoin d’une toxine environnementale », affirme-t-il, s’inscrivant ainsi en faux par rapport à deux décennies de recherches. Et pas seulement des recherches sur l’autisme: à travers des études sur des jumeaux, on avait pu identifier dès les années 1970 que la génétique pouvait contribuer au développement de troubles neurologiques.
Certes, le nombre de diagnostics d’autisme a été multiplié par cinq aux États-Unis depuis les années 2000, moment où le Centre de contrôle des maladies (CDC) avait commencé à recenser ces cas. Mais c’est aussi l’époque où le CDC et d’autres organismes à travers le monde s’étaient mis à recenser sous le terme « spectre de l’autisme » une série de troubles déjà connus, mais non diagnostiqués comme tels, faisant augmenter d’autant les chiffres. C’est d’ailleurs ce que rappelait un rapport du CDC publié le 15 avril, et auquel RFK répondait dans cette conférence de presse.
À l’encontre de la recherche, et plus encore
Ces dernières semaines, RFK a tout à la fois promis que son département de la Santé explorerait le rôle de « certaines substances » et de l’obésité parentale, et en même temps qu’il découvrirait « la cause » de l’autisme d’ici septembre, présumant ainsi qu’il n’y en aurait qu’une — une affirmation rejetée par des décennies de recherches.
Mais ce n’est pas son déni de la recherche scientifique qui a le plus choqué. Ce sont les affirmations à l’effet que l’autisme « détruit les enfants », et que les autistes sont à jamais incapables d’avoir un emploi, de payer des impôts, « de jouer au baseball, d’écrire un poème, et d’avoir des rencontres amoureuses ». Toutes des choses que les autistes peuvent pourtant bel et bien accomplir, ont réagi avec colère des représentants d’associations d’autistes et de parents. De même qu’une poétesse comme Marianne Eloise, diagnostiquée autiste.
De telles remarques « mettent en lumière ce que nous savons tous: nous vivons dans un monde qui doit encore lutter pour traiter les autistes avec un minimum de décence — tout spécialement quand nous avons besoin d’aide », a réagi, dans le New York Times, Tyla Grant, 27 ans, qui a reçu un diagnostic d’autisme il y a 10 ans.
De fait, certains autistes ont besoin d’aide pendant toute leur vie. D’autres ont des vies sociales et professionnelles bien remplies. Et plusieurs sont entre ces deux extrêmes — c’est pourquoi on parle d’un « spectre de l’autisme ».
Quant au lien avec les vaccins, il a été démontré faux au fil des années par des dizaines d’études. Ce qui n’a pas empêché RFK d’embaucher récemment un allié de longue date pour essayer à nouveau de trouver un tel lien à travers les données du CDC. Par ailleurs, RFK a déclaré que les études, d’ici septembre, se concentreraient sur des toxines introduites autour de 1989, date qu’il identifie comme étant celle du début de la soi-disant « épidémie » d’autisme. Or, la première étude sur l’autisme a été publiée en 1943.