Le gouvernement Legault devrait interdire, dès la prochaine rentrée scolaire, l’utilisation de téléphones, d’écouteurs et d’autres appareils mobiles sur le territoire des écoles primaires et secondaires; voilà la recommandation principale du rapport intérimaire de la Commission spéciale sur les impacts des écrans chez les jeunes.
La commission en question, au sein de laquelle siègent des députés de tous les partis siégeant à l’Assemblée nationale, presse donc Québec d’agir dans ce dossier controversé. Le document invite également le gouvernement à faciliter l’application de cet éventuel nouveau règlement, dans les écoles, en multipliant l’offre d’activités sans écran pour les jeunes.
Dans le document publié mardi, déjà, il est indiqué que lors d’une tournée effectuée dans différentes écoles, l’an dernier, « la majorité des élèves ont mentionné être en accord » avec l’idée d’interdire complètement les téléphones cellulaires et autres appareils mobiles.
« Ils reconnaissent que les cellulaires sont une distraction et qu’ils peuvent nuire à la concentration en classe », écrit-on.
Une consultation en ligne a donné des résultats similaires, 63% des 14 à 17 ans interrogés jugeant que « l’interdiction d’utiliser son cellulaire en classe est une mesure efficace pour limiter les distractions ». Chez l’ensemble des participants au coup de sonde, cette proportion bondit pour atteindre 86%.
Toujours selon le rapport intérimaire, « une revue de littérature effectuée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) montre que l’utilisation en classe à des fins personnelles des appareils numériques individuels, dont les cellulaires, conduit les élèves à être en multitâche numérique. Or, cette situation est associée à une baisse de l’apprentissage ».
Pire encore, rapportent les auteurs du document, « la simple vue de l’appareil peut interférer avec certaines habiletés cognitives », même si celui-ci est éteint, ou si son écran est retourné sur le bureau ou la table de travail.
Avis divergents
Si, du côté du Service de police de la Ville de Montréal, par exemple, une telle interdiction s’accompagne d’autres avantages potentiels, notamment une réduction du cyberharcèlement, de la cyberintimidation ou encore de la diffusion d’images intimes, l’Association québécoise des neuropsychologues, elle, évoque un effet délétère sur des personnes qui seraient alors coupées de leur réseau de soutien.
Pour sa part, la Fédération des comités de parents du Québec juge qu’une interdiction « mur à mur » serait difficile à mettre en place et à faire respecter, jugeant que « la réalité de l’Abitibi n’est pas la même qu’à Montréal ».
Du côté de la Fédération, donc, on dit préférer laisser les conseils d’établissement décider au cas par cas, plutôt que de confier ce choix à Québec et au ministère de l’Éducation.
Même son de cloche chez les syndicats de l’enseignement, qui envisagent « une approche concertée impliquant les parents, les élèves, le corps enseignant et les autres intervenants scolaires », indique le rapport. Et à la Fédération autonome de l’enseignement, on demande d’évaluer les impacts recensés dans les établissements où le cellulaire est déjà interdit, avant d’étendre le tout à l’ensemble du Québec.
Malgré tout, les auteurs du document rappellent un récent sondage de la Fédération des syndicats de l’enseignement, dans le cadre duquel 76,2% des répondants se sont dits en accord avec une interdiction des téléphones partout à l’école.
Le rapport final est attendu pour le 30 mai prochain.