La barre était haute. Très haute. Trop haute, peut-être? Après une première saison époustouflante où tout semblait cliquer parfaitement, avec un rythme fantastique, des personnages fascinants et un aperçu d’un réalisme encore jamais exploré dans l’univers de Star Wars, voilà que débarque la deuxième saison de la télésérie Andor. Et malheureusement, les obligations liées à cet empire du divertissement viennent un peu gâcher la sauce.
Dans cette première saison, donc, Cassian Andor, largement coincé sur un monde minier, avait fini par rejoindre l’Alliance rebelle et fui les autorités locales. Chargé d’accomplir des missions de plus en plus dangereuses, emprisonné pendant plusieurs mois, notre héros avait réussi à garder la tête hors de l’eau, malgré la nature paranoïaque des différents mouvements et des factions de la Rébellion.
Et cette paranoïa attendra probablement des sommets dans cette nouvelle fournée de 12 épisodes. D’autant plus que l’Empire, confronté à la grogne toujours plus importante de la population qu’il écrase, opprime et exploite, posera des gestes encore plus violents et désordonnés.
On retrouvera bien entendu nos personnages secondaires, notamment Syril Karn, toujours plus désireux de faire sa part pour la sécurité de l’Empire; Dedra Meero, l’une des responsables des services de sécurité qui sera partagée entre son ambition et la nature périlleuse de son travail; la sénatrice Mon Mothma, forcée de faire des choix déchirants pour assurer l’avenir de la Rébellion, au détriment de sa propre famille…
Sur papier, cette deuxième saison d’Andor est bonne, voire excellente. Là où les choses clochent, c’est que les responsables de cette série étaient tenus de respecter deux obligations: tout d’abord, nous savions déjà que cette deuxième saison serait la dernière; en soi, cela impose automatiquement des contraintes scénaristiques.
Ensuite, dans le même ordre d’idées, il fallait donc que l’on se rapproche, peu à peu, des événements de Rogue One, le film de 2016 où Cassian Andor participe au raid visant à mettre la main sur les plans de l’Étoile noire. Ce même film, à son tour, débouche carrément sur le début d’A New Hope, le classique de 1977, celui qui a tout déclenché.
Pour atteindre cet objectif, la deuxième saison use, voire abuse des ellipses: le processus est logique, surtout dans le contexte où l’on se trouve, mais cela fait également en sorte que des événements importants se produisent « hors caméra », si l’on veut. Ou que des situations que l’on croyait importantes, avec des conséquences à l’avenant, sont pratiquement balayées sous le tapis.
Encore une fois, il n’y a rien là qui permette de dire que Disney s’est tiré dans le pied, avec cette deuxième saison d’Andor. Loin de là. Cependant, nous sommes un peu dans une situation ressemblant à la sortie de Mad Max: Furiosa: ce film était tout à fait correct, voire franchement divertissant et enlevant, par moments, mais face au chef-d’oeuvre qu’est Fury Road, difficile de ne pas souffrir de la comparaison.
Il n’en reste pas moins que malgré cette faiblesse structurelle, la deuxième saison d’Andor vient clore un cycle franchement spécial, dans cet univers qui fêtera bientôt ses 50 ans: il s’agit encore du meilleur contenu Star Wars depuis la trilogie originale.
La preuve, hors de tout doute, qu’il est bel et bien possible de non seulement produire quelque chose destiné aux adultes, mais qu’il est également envisageable de créer une version de Star Wars qui n’oblige pas à avoir vu un grand nombre de films et séries télé au préalable. Chapeau!