Si on s’attend habituellement à voir un homme à muscles comme Dwayne Johnson ou Jason Statham dans un film d’action, Love Hurts, disponible depuis peu en 4K, Blu-ray et DVD, déjoue les attentes en mettant en vedette Ke Huy Quan dans le rôle principal.
Marvin Gable adore son travail d’agent immobilier pour la firme Frontier Realty de Milwaukee, mais il cache un terrible secret derrière sa vie rangée et son apparence inoffensive. C’est en effet un ancien tueur professionnel. Il devait éliminer Rose Carlisle, une avocate ayant volé quatre millions de dollars à l’organisation criminelle dont il faisait partie et qui est dirigée par son frère Alvin (que tous surnomment « Knuckles »), mais il l’a épargnée parce qu’il l’aimait, et lui a conseillé de fuir le plus loin possible afin de ne pas être retrouvée.
Quelques années plus tard, le jour de la Saint-Valentin, il reçoit, comme plusieurs autres criminels de son ancienne bande, une carte de Rose annonçant qu’elle est de retour. Apprenant qu’elle n’est pas morte et que son frère l’a donc trahi, « Knuckles » lance ses tueurs à gages les plus redoutables à la poursuite de Marvin. Rattrapé par son sombre passé, le courtier immobilier verra la normalité qu’il aimait tant lui échapper peu à peu, alors qu’il devra se défendre bec et ongles contre les nombreux assassins à ses trousses.

Un peu à la manière de Nobody (des mêmes producteurs, d’ailleurs), Love Hurts mise sur la formule d’un héros improbable ne payant pas de mine qui livre des batailles aussi brutales que spectaculaires. Dans ce cas-ci, il s’agit d’un asiatique à lunettes mesurant cinq pieds six pouces capable de se transformer en véritable Jackie Chan. Bien que le film contienne une dose d’humour et un soupçon de romance, c’est surtout l’action qui est mise de l’avant, ce qui n’est pas surprenant quand on considère que Jonathan Eusebio, dont c’est la première réalisation, a longtemps œuvré comme coordonnateur de cascades avant de passer derrière la caméra.
Si la réalisation est adéquate, on regarde principalement Love Hurts pour ses scènes de combat bien chorégraphiées, acrobatiques, et directement inspirées de films d’action hongkongais des années 1990. Le cinéaste crée un contraste intéressant en campant ses batailles dans des lieux ordinaires, à la limite banals, et fait preuve de beaucoup d’inventivité, que ce soit lorsque son héros utilise deux emporte-pièces en guise de poings américains, par exemple, ou en filmant une séquence où Marvin frappe la tête de son assaillant avec la porte du réfrigérateur depuis l’intérieur de l’électroménager.

Love Hurts marque le retour de Ke Huy Quan, un enfant-vedette ayant été engagé par Steven Spielberg à l’âge de douze ans pour le film Indiana Jones et le Temple maudit, et dont la carrière s’est arrêtée au début des années 1990. En plus de le remettre dans l’œil du public, sa prestation dans le délirant Everything Everywhere All at Once, il y a trois ans, lui a d’ailleurs valu un Oscar. C’est probablement la raison pour laquelle il a décroché le rôle principal dans ce long-métrage. S’il tire bien son épingle du jeu dans les scènes de bataille, sa performance, cette fois-ci, ne risque cependant pas de lui valoir de récompenses.
Brillante dans les scènes d’action, la direction d’acteurs de Jonathan Eusebio laisse toutefois à désirer. Interprétant Rose Carlisle, la performance d’Ariana DeBose (qui a elle aussi remporté un Oscar pour sa prestation dans le remake de West Side Story en 2002) demeure superficielle, et elle ne semble pas avoir de vraie chimie avec son partenaire de jeu. Pour « Knuckles », le vilain de l’intrigue, le réalisateur a réussi à embaucher Daniel Wu, un vétéran des films d’action asiatiques. L’ancien confrère de Ke Huy Quan dans les Goonies, Sean Astin, fait également une petite apparition.

En se procurant l’édition haute définition de Love Hurts, on obtient le film sur disque Blu-ray, mais pas de code pour télécharger une copie numérique comme c’est souvent le cas. Le matériel supplémentaire comprend une finale alternative, cinq scènes coupées du montage et trois présentées en versions allongées, ainsi que trois courtes revuettes. Dans la première, Ke Huy Quan aborde son entraînement intensif. Le réalisateur et les acteurs principaux parlent de leur désir de donner une profondeur émotive au long-métrage au-delà de l’action dans la seconde. La dernière revuette nous entraîne dans les coulisses des scènes de combat.
Si Love Hurts ne risque pas de laisser une impression durable chez la plupart des cinéphiles, les fans d’acrobaties à la Jackie Chan et les adeptes des films d’action hongkongais des années 1990 seront toutefois divertis par ce long-métrage sans prétention, ni profondeur.
6/10
Love Hurts
Réalisation: Jonathan Eusebio
Scénario: Matthew Murray, Josh Stoddard et Luke Passmore
Avec: Ke Huy Quan, Ariana DeBose, Mustafa Shakir, Lio Tipton, Daniel Wu, Cam Gigandet, Marshawn Lynch et Sean Astin
Durée: 83 minutes
Format : Blu-ray
Langue : Anglais, français et espagnol