La téléréalité, mais aussi un nombre incalculable de films, de séries télé et d’autres produits culturels vendent l’idée que le partenaire parfait rendra notre vie complète. Il faudrait ainsi trouver « le bon » ou « la bonne » pour vivre heureux jusqu’à la fin des temps. Une nouvelle étude révèlerait toutefois que les formes « alternatives » de relations seraient tout aussi satisfaisantes.
L’étude en question, qui s’appuie sur une méta-analyse d’autres travaux, remet ainsi en question l’idée que les relations monogames sont plus plaisantes que la non-monogamie.
Pour parvenir à cette conclusion, l’auteur des travaux, Joel Anderson, professeur adjoint en psychologie de la communauté LGBTQIA+ à l’Université La Trobe, en Australie, s’est tourné vers des données récoltées auprès de 24 000 personnes provenant d’un peu partout dans le monde.
On y aurait ainsi décelé aucune différence, en matière de satisfaction relationnelle ou sexuelle, entre les personnes monogames et celles pratiquant la non-monogamie consensuelle.
De l’avis du Pr Anderson, cela démontre que le « secret » d’une relation complète et satisfaisante ne dépendrait pas de l’exclusivité, « mais de l’honnêteté, de la communication et des accords mutuels », sans égard au nombre de personnes concernées.
Le chercheur est toutefois le premier à reconnaître que la monogamie a toujours été considérée comme la « norme » – « il n’existe pas de case « polyamour » dans votre formulaire de rapport d’impôts », dit-il.
« Et la plupart des films se terminent avec un couple heureux marchant vers le soleil couchant, afin de vivre heureux jusqu’à la fin des temps. »
Pire encore, affirme le Pr Anderson, lorsque les relations non monogames sont dépeintes dans la culture populaire, comme dans Wanderlust, ou encore You, Me & Her, on y voit des situations « chaotiques, émotionnellement instables et condamnées au dysfonctionnement ».
Un mythe à déboulonner
Ces idées, poursuit le chercheur, « ont créé ce que l’on appelle le « mythe de la supériorité monogame », soit l’idée voulant que les relations monogames soient plus satisfaisantes, plus solides sur le plan amoureux et plus stables que les formes alternatives de relations ».
Dans le cadre de leurs travaux, le Pr Anderson et ses collègues affirment avoir notamment constaté que puisque les principaux types de relations alternatives, comme les couples ouverts, le polyamour, ou encore l’échangisme, par exemple, « impliquent habituellement davantage de conversations à propos des valeurs, des besoins et des limites de chacun », les participants se trouvant dans ce type de relation ont indiqué « des niveaux plus importants de confiance envers l’autre, une meilleure communication, et une plus grande clarté quant aux intentions des partenaires ».
L’étude a également cherché à évaluer le niveau de satisfaction en lien avec cinq critères, soit l’intimité, la passion, la confiance, la satisfaction sexuelle, ainsi que le niveau de bonheur dans la relation.
« Nous avons découvert que les personnes non monogames étaient tout aussi satisfaites que les autres », a réitéré le Pr Anderson.
Les travaux auraient également révélé que cette situation serait véridique autant pour les hétérosexuels que pour les membres de la communauté LGBTQIA+, ce qui viendrait contredire un autre stéréotype: soit que la non-monogamie est un « style de vie » pour les personnes queers, plutôt qu’une préférence relationnelle véritable.
Aux yeux de l’équipe de recherche, une question se pose, alors: si les relations non monogames ne sont pas moins satisfaisantes, pourquoi croit-on que c’est le cas?
De l’avis des spécialistes, la peur d’être stigmatisé pourrait en partie expliquer la chose, ce qui pousserait les personnes se trouvant dans ce type de relations à ne pas en informer leur médecin, leur thérapeute ou leur employeur, par crainte d’être jugées ou incomprises.
Et donc, si le fait de se trouver dans une telle relation n’est pas mentionné, impossible de souligner qu’une relation non monogame est satisfaisante, expliquent les auteurs des travaux.
Pire encore, ce type de relation n’a souvent pas de statut légal, alors que les préjugés abondent quant au comportement des personnes non monogames; celles-ci sont souvent dépeintes, écrivent les chercheurs, « comme instables, excessivement portées sur le sexe, ou encore émotionnellement distantes ».
Le Pr Anderson et ses collègues lancent ainsi un appel pour que les services de santé, le réseau de l’éducation et les décideurs politiques « soient au fait que ce ne sont pas toutes les familles, ou les partenariats, qui respectent la structure relationnelle traditionnelle – et il n’y a rien de mal à ça ».
« L’amour et les relations interpersonnelles se déclinent sous bien des formes », rappelle ainsi le professeur.