L’impact de la désinformation climatique à la radio et à la télé est grossi par le fait que… l’information sérieuse sur le climat est rare à la radio et à la télé.
C’est une des choses qui se dégage d’une compilation des contenus diffusés par 10 chaînes françaises de télé et 8 de radio: cette compilation révèle en même temps que certaines radios sont plus susceptibles que d’autres de partager ces fausses informations.
En trois mois, de janvier à mars 2025, l’analyse a détecté, uniquement sur ces chaînes, 128 « cas vérifiés de désinformation climatique ». Deux thèmes se dégagent du lot: les énergies renouvelables et les véhicules électriques. Par exemple: « les véhicules électriques polluent plus que les véhicules à essence » (ce qui est faux). Pour le résumer autrement: ces données révèlent comme stratégie dominante celle de « discréditer les solutions » à la crise climatique, résument les chercheurs.
La grande majorité des fausses informations (85%) étaient sur des radios privées et le tiers (31%, ou 40 sur 128) étaient à Sud Radio, suivie de CNews (20%, ou 26 sur 128). Sud Radio est une chaîne qui a été plusieurs fois critiquée pour sa proximité avec l’extrême-droite et qui a eu plus que sa part de controverses, notamment pour sa diffusion de fausses nouvelles pendant la pandémie. Quant à CNews, devenue une populaire chaîne d’info continue, elle a souvent été qualifiée de « Fox News française ».
Par ailleurs, si on considère que l’IA a « lu » 119 heures de contenus par semaine sur les chaînes d’information, mais seulement 33 heures par semaine sur Sud Radio, cette dernière se dégage encore plus fort des autres, par la quantité de désinformation moyenne à l’heure.
Les résultats préliminaires de cette nouvelle analyse révèlent aussi l’existence de « pics » de désinformation climatique lors de « grands événements politiques », comme l’investiture de Donald Trump ou le début d’audiences publiques sur le climat en France. L’existence de tels pics reliés à l’actualité avait également été notée sur Twitter, dans une étude européenne parue dans Nature Climate Change en 2022, et dans une étude française parue en 2023: ces « pics » étaient particulièrement concentrés autour des conférences annuelles (COP) des Nations unies sur le climat.
Le nouveau travail a été réalisé par trois organismes, dont le site français Science Feedback, avec l’aide d’un outil d’IA qui a fait une première lecture des transcriptions des émissions. Les résultats préliminaires ont été publiés le 10 avril, en attendant le rapport complet, prévu pour septembre. Les trois organismes avaient choisi de faire ce travail pour souligner que la désinformation climatique ne se limite pas aux réseaux sociaux, mais que « les médias traditionnels » y sont aussi « fortement exposés », lit-on dans leur communiqué.
Ils se réfèrent également à une analyse en continu de l’Observatoire des médias sur l’écologie, qui conclut qu’au premier trimestre 2025, moins de 3% du temps d’antenne des émissions d’information avait été consacré aux « enjeux environnementaux ». Cette rareté, notent les auteurs de la nouvelle analyse, pourrait contribuer au succès de la désinformation.