Le Festival des clowns de Montréal en est à sa huitième édition: huit années, déjà, à présenter cette spécialité des arts circassiens trop souvent négligée.
Les clowns sont des hommes et des femmes qui ne craignent pas le ridicule. Ils sont généralement tendres et plein d’amour, même dans leurs colères et leurs mauvaises humeurs. Ils rient de leurs bêtises et ressemblent à des enfants dans des corps d’adultes. Ils font mine d’être très riches en dépit de leurs vêtements élimés. Avec modestie ou orgueil démesuré, ils multiplient les talents: chanteurs, danseurs, conteurs, jongleurs, prestidigitateurs, mimes, acrobates…
Ils sont souvent prévisibles dans leurs comportements, mais c’est justement cette prévisibilité qui fait rire et qui étonne le spectateur. Sous leurs airs de personnes responsables apparaissent toutes les failles et les vulnérabilités trop humaines. Et c’est pour cela que nous les aimons et qu’ils nous font tant rire.
Pour la soirée du Gala Cabaret proposée au Gesù, 10 artistes se succédaient sur la scène. L’un d’entre eux faisait office de maître de cérémonie, tous les autres se chargeaient de nettoyer la scène entre les nombreux sketchs. Et l’on a assisté à un tourbillon de rires de la part de la salle bondée et composée aussi bien de personnes âgées que de familles avec jeunes enfants.
Tout le monde y a trouvé son compte et les artistes ne manquaient jamais de faire participer la salle, de manière individuelle autant que collective.
Une pléthore de personnages
Ainsi, René Bazinet, élégamment habillé en queue de pie et chapeau haut de forme, ne se limite pas à son rôle de maître de cérémonie. Il danse et chante magnifiquement, et c’est un conteur incroyablement drôle.
Steve Day, alias Amoeba, n’est pas seulement un homme ballons qui souffre des petits éclatements de sa parure fragile. Il a des problèmes avec sa voix qui lui échappe, justement comme un ballon de baudruche, et il est un mime extraordinaire, capable de raconter toute une histoire compliquée de poulailler sans avoir un mot à dire.
Céline Jolin, tient son nez rouge de clown traditionnel non seulement de son art, mais aussi de son amour un peu exagéré des boissons fortes. Du coup, est-ce un effet de sa vision double ou plutôt de son talent de prestidigitatrice extrêmement comique? Les bouteilles se multiplient magiquement sur sa table et laissent les spectateurs ébahis de ce qu’ils voient, eux aussi.
Miriam Heap-Lalonde fait pleurer de rire toute la salle en racontant, à l’aide de son accordéon, ses problèmes pour se trouver un médecin de famille…
Andrea Conway et Wayne Doba, alias Dik et Mitzi, sont un couple très attachant, danseurs virtuoses de claquettes, un art qu’ils maintiennent tout au long du spectacle, à mesure de leur vieillissement accéléré.
Isaac Kessler, alias one-man no-show, ne dit pas un mot et n’a pas un sourire. Par ses bouffonneries, il parvient cependant à donner des ordres et à les faire exécuter par toute la salle.
Philibert Hébert-Fillion, alias Pat Ow est un superhéros pas si pitoyable qu’il en a l’air… Sous ses airs de raté attendrissant, il arrive finalement à jongler et à proposer des acrobaties plus qu’étonnantes et toujours drôles.
Myriam Sutton, alias Katarin’Hair a des problèmes avec sa chevelure et ses bigoudis, mais résout le problème de calvitie d’un spectateur dans la salle.
Shally Julie Messier, alias Bébé Jasette, enfin, est un bébé égaré qui finira sûrement par retrouver ses parents.
Tout ce petit monde talentueux, mais qui ne se prend sûrement pas au sérieux, entraîne la salle dans des rires et des applaudissements bien mérités. L’ensemble reflète bien ce que peut être l’art des clowns, qu’on aimerait plus présent dans tous les spectacles de cirque.
Festival des clowns de Montréal, du 4 au 12 avril
Gala Cabaret, le 4 avril 2025 au théâtre Gesù à Montréal
Artistes : René Bazinet, 1-man no-show, Amoeba, Bébé Jasette, Dik et Mitzi, Miriam Heap-Lalonde, Céline Jolin, Pat Ow et Katarin’Hair