La compagnie québécoise Louise Bédard Danse fête ses 35 ans cette année. Autant dire que la principale intéressée n’est pas une jeune danseuse. Elle n’en a pas pour autant perdu son énergie et sa capacité créatrice, loin de là. À la fois danseuse et chorégraphe, elle interprète dans Sans collier. Physiographie d’existences, au théâtre de La Chapelle – le lieu où elle a déjà proposé plus de 10 spectacles –, un florilège de portraits de femmes répartis entre les trois soirées de représentation.
Dix-sept solos répartis durant les trois soirées de représentation, cela signifie dix-sept personnages féminins aux personnalités bien affirmées, aux sentiments et aux manières de bouger toutes différentes les unes des autres; entourées d’objets, d’accessoires et accompagnées de musiques et de bruits bien particuliers.
L’idée du spectacle a émergé dans l’esprit de Louise Bédard durant la pandémie. Un peu désœuvrée comme beaucoup d’entre-nous, elle a profité de cette période pour réfléchir à une nouvelle création. Des photographies d’elle-même, revêtue de différents vêtements, coiffures, chaussures et accessoires, ont servi de point de départ au spectacle.
Chaque femme ainsi imaginée évolue dans un certain espace géographique et laisse parfois émerger à travers ses paroles une bribe de vécu: amour déçu, vocation contrariée, spiritualité ou solitude infinie… Des vidéos s’ajoutent sur de grands rideaux transparents, et différents objets qui garnissent la scène de manière agréable. De beaux éclairages et un fond sonore accompagnent les métamorphoses de l’artiste.
La voilà qui apparaît en manteau de peau rouge et bottes multicolores ou en pantalon couleur crème, tee-shirt et bottes assorties… les cheveux détachés ou d’une autre couleur ou encore surmontés d’un chapeau… revêtue de papier qui se froissent à chacun de ses pas ou prisonnière d’une chaise par des liens qu’elle défait… Certaines de ses attitudes sont tragiques d’autres plus drôles et toujours insolites.
L’idée est intéressante, mais aurait sûrement gagné à être resserrée dans le temps. Sans doute que les changements de tenue, même exécutés à toute allure, nécessitent forcément un certain délai. Mais les séquences auraient pu être légèrement raccourcies, ce qui ferait mieux passer l’ensemble et éviterait au spectateur de ressentir quelques longueurs.
Ce n’est pas faute de matériel, d’accessoires et d’objets. La prestation de Louise Bédard est dansée, mais ressemble aussi à de la performance, tant elle joue et manipule, voire improvise avec tout ce qu’elle utilise et qui se trouve sur la scène.
Sans collier. Physiographie d’existences
Production : Louise Bédard Danse
Chorégraphe et interprète : Louise Bédard
Dramaturge : Angélique Willkie
Assistance à la dramaturgie : Anne Thériault
Compositrice : Diane Labrosse
Scénographe : Marilène Bastien
Conceptrice lumière : Lucie Bazzo
Vidéo : Robin Pineda Gould
Sans collier. Physiographie d’existences, les 25, 27 et 29 mars 2025, au théâtre La Chapelle, à Montréal
Un commentaire
C’est sûrement un feu sacré qui anime Louise Bédard qui, malgré ses 69 ans, continue à faire de la scène. Elle nous offrait 3 soirées à l’occasion du 35e anniversaire de sa carrière avec Louise Bédard Danse. Beaucoup de créations durant ces années et cette fois c’était 3 programmes contenant 14 solos différents (19 au total) qu’elle présentait au Théâtre La Chapelle selon le programme distribué. J’étais présent à 2 de ces soirées, la première et la dernière, qui s’étendaient sur un solide 2 heures sans entracte.
Elle a joué de malchance, lors de sa première, alors que le système d’alarme incendie du théâtre a retenti forçant l’évacuation de cette salle comble pour se réfugier l’autre côté de la rue sous une pluie fine en attendant le OK des pompiers pour retourner à l’intérieur. Le spectacle a repris suite à cette fausse alarme. Louise me donnait l’impression d’être la reine des déguisements avec ses nombreux costumes et masques souvent très originaux.
J’ai particulièrement apprécié le solo LLL avec son éclairage rouge du décor, sa musique rythmée et les gestes fébriles. S’ajoutait la projection impressionnante d’images sur son dos alors qu’elle était immobile dans le solo Montana et le déguisement très original dans le solo Kalimcka au point qu’elle devenait méconnaissable. Je trouve difficile d’identifier ces solos par leurs titres, car le passage d’un solo au suivant me semblait flou. J’espère ne pas me tromper, car j’étais un peu mêlé. Elle nous offrait aussi le vin et des bouchées à la fin de ces soirées. Que demander de plus?