L’addition du déni par le gouvernement Trump de la crise climatique et de son désengagement de l’aide internationale, aura un résultat mesurable: une réduction sensible de la capacité des pays plus pauvres à s’adapter aux dégâts qui s’accumulent chez eux.
Cette aide prend diverses formes: une partie (trois milliards de dollars) passait par des subventions de l’Agence américaine d’aide au développement (USAID), agence qui est aujourd’hui en train d’être démantelée. Une autre partie (quatre milliards) provenait de contributions directes au Fonds vert mis en place par les Nations unies en 2010: cette contribution a été annulée le 5 février.
Si le gouvernement américain ne revient pas sur ces décisions, c’est 8% de l’aide mondiale aux « finances climatiques » qui disparaît. Et c’est surtout toute possibilité de progrès dans la prochaine année qui disparaît aussi.
Le terme « finances climatiques » regroupe des prêts ou des subventions pour, par exemple, la construction de barrières anti-inondations, la conservation des forêts, la fermeture des centrales au charbon, le déplacement de routes ou de quartiers inondables… L’USAID a ainsi contribué en 2023 à un système d’alerte avancé d’ouragans au Bangladesh, au développement de cultures résistantes aux sécheresses en Afrique, etc.
Quant aux progrès qui étaient espérés pour 2025, ils tournent autour du concept de « pertes et préjudices » (en anglais, loss and damage): c’est l’idée que les pays plus riches devraient compenser les plus pauvres pour leurs pertes — par exemple, celles causées par les inondations catastrophiques au Pakistan en 2022. La raison étant que ce sont les pays riches qui, depuis la Révolution industrielle, ont davantage contribué au problème. Les pays riches ont toujours été réticents à admettre qu’ils avaient une telle responsabilité. Lors de la rencontre annuelle sur les changements climatiques de novembre 2023 (COP28), une entente était finalement intervenue, après des années de débats, pour créer un nouveau fonds spécialement dédié à l’aide à la reconstruction ou aux réparations. Washington a annoncé le 4 mars qu’il se retirait aussi de ce programme.
Selon une compilation réalisée par le magazine Carbon Brief, l’aide globale des États-Unis aux finances climatiques a été multipliée par sept sous le gouvernement Biden, après avoir stagné pendant les quatre années de la première présidence Trump. Outre l’USAID et le Fonds vert, une partie s’est faite par le biais d’ententes de pays à pays, ou par des contributions à la Banque mondiale. Considérant le retrait de Washington de l’Accord de Paris sur le climat et le fait qu’une partie de l’actuelle administration traite même les changements climatiques comme un canular, ces fonds « spéciaux » sont eux aussi à risque.
Concrètement, cela ferait des États-Unis, à la fin de 2025, un plus petit donateur au Fonds vert que la Suède.

La Chine pourrait-elle avoir envie de s’afficher comme le nouveau chef de file? Chose certaine, dès que les États-Unis ont annoncé à la fin-janvier qu’ils mettaient la hache dans l’USAID, on a vu le gouvernement chinois annoncer publiquement dans au moins deux pays, le Népal et la Colombie, son intention de remplacer l’USAID dans les projets que celle-ci finançait. Et le gouvernement chinois s’affiche d’ores et déjà comme le chef de file, à la fois dans la recherche scientifique sur les énergies renouvelables, et dans la transition vers les énergies renouvelables.