Gloire aux livres contemporains au parfum oscillant entre récit de voyage et poésie! C’est d’entrée de jeu la louange que l’on peut adresser à l’autrice québécoise la plus nipponne qui soit: Valérie Harvey. Avec la réédition de Passion Japon: sur les chemins de Kyoto (Somme Toute Parcours), elle pourrait rivaliser par son attachement au Japon avec Amélie Nothomb. Entrevue avec un être passionné par l’«Empire du Soleil levant », au royaume des cerisiers.
Plongée dans la société nipponne
L’œuvre se découpe par des chapitres crescendo amenant le lecteur à voyager dans l’intimité de l’autrice – en solo, en couple et en tant que mère – et à partager le spectre de ses émotions avec moult précisions.
Passion Japon: sur les chemins de Kyoto offre ainsi une série de détails informatifs et sensoriels. Une démarche rigoureuse d’une spécialiste de l’immersion nipponne entrelaçant la poésie à ses pages personnelles.
Grâce à ses partages sur l’adaptation socioculturelle, les précautions budgétaires avant de faire le grand saut, en passant par le calendrier des grandes fêtes, la dégustation du thé et les formes d’art, le Japon devient à portée de soi. Au-delà de sa distance géographique et culturelle aux antipodes du Québec, comme en témoigne Valérie Harvey : « Le Japon est loin, il y a tellement d’idées préconçues. N’oublions pas l’humain derrière la société japonaise pour éviter d’aborder le Japon de façon bizarre, étrange…»

Sa démarche? Remettre tout en contexte, par exemple par le manga, expliquer autrement que par le prisme de la tradition catho-occidentale. S’efforcer de comprendre les religions du Japon, la façon de s’y exprimer. Contempler sa nature et son environnement, la géographie du pays qui influence toutes les perceptions.
L’autrice ne succombe ainsi pas au merveilleux et s’attarde aux petits caractères de la langue, à tous les détails auquel les Japonais ne réfléchissent pas.
Après avoir visité le pays à six reprises, Valérie a pu rédiger des guides de voyage sur le Japon. Qu’importe la raison qui la pousse à y remettre le pied, les amitiés nouées là-bas perdurent. Elle y a laissé une partie de son cœur, une partie d’elle-même: « son petit fantôme Kyoto. » Dans cette ville chérie, son corps n’a pas la même attitude, elle se sens autrement. Une sensation qui opère aussi chez son fils. « À Kyoto, on y a une routine, c’est une retrouvaille de tous les détails, du moindre son qui nous ramène dans une posture », explique-t-elle.
Ouvrir l’esprit au Japon
Sincère dans ses propos, sans tomber sous l’éclat aveuglant des cerisier en fleurs, l’autrice aborde aussi les difficultés vécues. L’aspect financier avec les coûts vertigineux de certains lieux où elle a vécu, la réalité des emplois restreints pour les étrangers, le froid à certains mois de l’année et l’adaptation linguistique.
Le Japon est-il pour tout voyageur? « Il faut être prêt à être dépaysé. C’est un voyage hors de la familiarité nord-américaine, il ne pas compter sur l’usage de l’anglais. Car les Japonais n’ont pas besoin de parler anglais, sauf dans le secteur du tourisme », déclare l’autrice, en ajoutant que tout Japonais aura tendance à l’entraide envers les étrangers, surtout dans les grandes villes. Autre détail non-négligeable: là-bas, les personnes souffrant d’un handicap ou éprouvant des difficultés à se déplacer sont prises en considération, car le pays est vieillissant.
En fin d’entrevue, Valérie Harvey dit aspirer à devenir une porte-parole du Japon, pour qu’on le comprenne mieux, surtout humainement; les rapports internationaux entre le Québec et le pays nippon lui donne des ailes.
Passion Japon: sur les chemins de Kyoto, publié chez Somme Toute Parcours, 252 pages