À l’instar du Aladdin de Guy Ritchie, profitant aussi de nouvelles chansons du duo Benj Pasek et Justin Paul, la modernité fait belle figure dans cette relecture satisfaisante, bien qu’inutile, de la princesse Snow White.
Bien que la question se pose à chaque refonte « en vrai » et que la pertinence s’avère plus notable pour Blanche-Neige, qui a eu droit à toutes les versions imaginables ou presque, on peut comprendre que Disney a une affection particulière pour ce conte, qui est après tout leur premier long-métrage, sorti en 1937.
Avec tous les délais qui sont survenus durant la production, n’était-il pourtant pas possible d’attendre les 90 ans du long-métrage ou une autre décennie pour le centenaire?
Enfin, si Disney a cherché dur comme fer à présenter sa propre version du conte, jusqu’à créer des nains numériques ressemblant à s’y méprendre à ceux de l’original, nains qui sont d’ailleurs terrifiants, avec la simplification du titre, le but est clair.
Ainsi, ces nains deviennent accessoires; il s’agit plutôt de l’épopée de Blanche-Neige, qui démontre qu’une princesse a bien plus à offrir que de simplement attendre le baiser de son prince charmant.
Ce dernier est probablement d’ailleurs celui qui gagne le plus au change, avec des motivations de révolutionnaire qui lui donne plus de tonus qu’une simple belle gueule bonne à épouser. Quoiqu’il faut admettre que sa bande de rebelles est peut-être de loin l’ajout le moins convaincant de l’ensemble.

Toutefois, sous la plume de la scénariste Erin Cressida Wilson, les changements subtils au scénario original font souvent toute la différence, sans trop handicaper la progression de l’histoire qu’on connaît sur le bout des doigts. Sans tomber dans le piège du Beauty and the Beast de Bill Condon, dont la demi-heure supplémentaire se faisait grandement sentir au gré d’ajouts inutiles, ici on pousse les nains à aider au ménage et on met de l’avant la force du plus grand nombre plutôt que l’individualisme.
De son côté, le réalisateur Marc Webb est capable du pire, comme du meilleur. Si sa fibre romantique a conquis la vaste majorité des gens, avec son merveilleux (500) Days of Summer, ses ambitions en ont inquiété plus d’un lorsqu’il a fait le saut vers les mégaproductions que sont The Amazing Spider-Man et sa suite mésestimée.
C’est toutefois son virage mélancolique, avec les oubliables Gifted et The Only Living Boy in New York, qui ont bien failli sonner la fin de sa carrière. Heureusement, sous la gouverne de Disney, il vient rééquilibrer son talent avec une adaptation en prises de vue réelles bien plus compétente que ne le laissaient croire les controverses.
Surtout connu pour sa carrière du côté de l’industrie musicale, via un nombre incalculable de vidéoclips, Webb n’avait pourtant jamais touché à la comédie musicale, outre un court, mais inoubliable passage sur une chanson de Hall and Oates, dans son premier film.

C’est chose faite, désormais, alors qu’il s’est fait grandement plaisir, les numéros musicaux constituant la majorité des vingt minutes supplémentaires aux 83 minutes du classique animé. Pour les connaisseurs, il sera rapidement facile de reconnaître les quatre chansons, sur les huit pièces originales, qui ont été conservées et celles qui ont été ajoutées.
On apprécie d’ailleurs les changements qui ont été apportés, y compris le fait d’en raccourcir quelques-unes, ou encore d’enlever les paroles misogynes, voire un segment qui laissait entendre que les nains sont insalubres.
Dommage, toutefois, que les nouvelles chansons soient difficilement mémorables. Si l‘humour derrière Princess Problems est assez irrésistible, rappelant l’intemporelle Agony, de Stephen Sondheim, du brillant film Into the Woods.
De son côté, l’air de la principale pièce Good Things Grow, repris à de nombreuses reprises, semble littéralement copié d’une des chansons de l’une de leurs trames sonores précédentes: The Greatest Showman.
Certes, visuellement, le tout est joliment filmé et les chorégraphies ont du tonus (on reconnaît la griffe du producteur Marc Platt également derrière le récent mégasuccès Wicked: Part I, tout comme La la Land et Nine, pour ne nommer que ceux-là), mais il faut admettre que tous n’ont pas les capacités de chant et de danse les plus épatantes, Gal Gadot incluse, elle qui est néanmoins savoureuse en belle-mère maléfique.
Si Rachel Zegler a du charisme à revendre, son physique enfantin du haut de sa jeune vingtaine paraît néanmoins bizarroïde. À ses côtés, Andrew Burnap a une dizaine d’années de plus.
En comparaison, Lily Collins, dans le plus flamboyant Mirror Mirror de Tarsem, s’avérait être un meilleur choix.
D’ailleurs, les costumes de la légende triplement oscarisée Sandy Powell, principalement ceux de la reine maléfique ou la robe signature de la princesse, arrivent presque à rivaliser avec les dernières créations de la grande Eiko Ishioka, qui avait été nommée aux Oscars à titre posthume, pour ce film.
Du reste, les messages finissent par être un peu trop appuyés et les revirements trop téléguidés, pour que Snow White atteigne véritablement son objectif. Bien que pour ceux etcelles qui ont grandi avec le film, les référents visuels et sonores feront indubitablement frissonner.
Cela dit, avec la diversité affichée à l’écran, mais aussi la bonhomie et la bienveillance de l’ensemble, au point d’alléger considérablement la mort de la méchante, on apprécie grandement tout le positivisme du film à l’intention de la jeunesse.
On nous offre ainsi des modèles fort intéressants pour tous les enfants, que ceux-ci désirent devenir des princes, des princesses, des ouvriers, ou encore des paysans. Voilà une manière honorable de faire de nouveau briller ce joyau familial.
5/10
Snow White prend l’affiche en salle ce vendredi 21 mars.