Qu’allions-nous faire dans cette galère? Si le metteur en scène Michel Monty est connu pour ses relectures quelque peu fantasques de classiques du théâtre, bien peu de choses auraient pu nous préparer à cette version chaotique du Songe d’une nuit d’été, de Shakespeare, présentée ces jours-ci au Théâtre du Rideau vert.
L’original était déjà éclaté, affirme-t-on, mais cette fois, les aventures de quatre jeunes gens – Hermia, Lysandre, Héléna et Démétrius –, emportés par un tourbillon mêlant sentiments, politique et surnaturel, le tout dans la grande cité grecque d’Athènes, vont devenir carrément étranges, voire survoltées. Mais peut-être pas pour les bonnes raisons.
C’est que, voyez-vous, M. Monty a notamment décidé de multiplier les changements de ton. Autant on pourra se trouver devant le texte original de Shakespeare, avec toute sa poésie inhérente, autant on pourra immédiatement passer à du joual bien gras. Que l’on souhaite donner dans la comédie, soit: personne n’est contre la vertu, et il fait bon rire alors que tout semble prendre feu, de nos jours.
Cela étant dit, les nombreuses digressions font en sorte que le rythme de l’oeuvre s’en trouve considérablement chamboulé. D’un humour relativement fin nimbé d’une aura de mystère et de poésie, on tombe ensuite dans l’absurde et le gag visant à rire à s’en taper sur les cuisses.
Encore une fois, on pourrait accepter cette proposition et se dire qu’un divertissement est le bienvenu. Toutefois, ajoutez à cela des niveaux de jeu tout aussi variables, avec des comédiens dont le rôle semble largement consister à beugler, tandis que d’autres sont quasi inintelligibles, ou encore des acteurs qui se donnent faiblement la réplique alors que la foule rigole encore fortement de la blague précédente, et l’on tend davantage vers le sous-théâtre d’été que vers la production à grand déploiement.
Il y a quelque chose de franchement dommage à devoir endurer des pantalonnades parfois bien puériles, avec des rebondissements qui partent dans tous les sens… Le tout pendant deux bonnes heures, s’il vous plaît! On en vient à ne plus savoir à quel saint se vouer, alors que nous prend parfois une forte envie de regarder sa montre. Oui, il y a des moments où l’on éclate de rire, mais cela est autant imputable à la justesse d’un gag, à l’occasion, qu’au côté ridicule de l’ensemble de la chose, à d’autres moments.
Mal adapté, parfois fort mal joué, trop long pour son propre bien, Le sonde d’une nuit d’été, tel que présenté sur les planches du Rideau vert, tient beaucoup plus de la farce grossière que de l’oeuvre finement ciselée. Quel dommage…
Le songe d’une nuit d’été, de William Shakespeare, adaptation et mise en scène de Michel Monty
Avec Marc Béland, Bénédicte Décary, Justin Laramée, Xavier Bergeron, Vicky Bertrand, Guillaume Chouinard, Marilou Maheux, Olivier Morin, Parfaite Moussouanga, Caroline Payeur et Guillaume Tremblay
Au Théâtre du Rideau vert jusqu’au 12 avril