Est-ce qu’un revenu plus important mène à une démocratie plus solide? Pas nécessairement, révèle une nouvelle étude basée sur l’analyse de 200 ans de données récoltées dans plusieurs pays.
Les politologues et les économistes affirment généralement que plus un pays est prospère, sur le plan économique, plus il devient démocratique. Mais pour le professeur Ian MacKenzie, de l’Université du Queensland, cette relation n’est pas aussi simple.
« Lorsque le revenu des habitants d’un pays est très bas, la survie est l’aspect le plus important, et les avantages marginaux de la consommation de biens matériaux sont très importants », affirme-t-il.
« En gros, lorsque vous n’avez pas grand-chose, un dollar en plus compte pour beaucoup. Et donc, dans cette perspective, vous ne consacrez pas beaucoup de temps à l’activisme politique. Vous allez plutôt chercher à augmenter la quantité d’argent dans vos poches. »
En compagnie de chercheurs d’autres universités, le Pr MacKenzie a analysé des données provenant d’un grand nombre de pays, portant sur les années 1800 à 2010, pour évaluer les revenus et le « score » démocratique de chacun.
Les auteurs de l’étude ont émis l’hypothèse que la relation entre les revenus d’un pays et son niveau de démocratie n’est pas linéaire, mais ressemble plutôt à une courbe en « U ».
Les résultats ont été publiés dans Public Choice.
L’argent d’abord, la démocratie ensuite?
Au dire du Pr MacKenzie, lorsqu’une société atteint un niveau élevé de revenu, cette tourbe tend vers une démocratisation accrue. « À mesure que les salaires augmentent, il survient un point de bascule où votre revenu a gonflé à un point tel que vous commencez à accorder de l’importance à l’amélioration des libertés politiques », dit-il.
« Les gens jugent avoir davantage de capacité de remettre les autorités en question. Un grand nombre de personnes estiment qu’il n’existe pas de lien entre les revenus et la démocratie, ou qu’il existe un lien positif, c’est-à-dire que plus on gagne d’argent, plus on tend vers une société démocratique », a encore indiqué le chercheur.
« Nous avons toutefois démontré que la chose est plus complexe que cela. »
Au dire du Pr MacKenzie, la Chine fait partie des pays à surveiller de près, puisque cet État a connu une croissance économique « extraordinaire », au cours des 40 dernières années, tout en demeurant dirigé par un gouvernement autoritaire.
« La théorie de la courbe en U laisse entendre que des troubles politiques pourraient se produire si la croissance économique se poursuit », dit-il.
« La Chine compte un grand nombre de citoyens qui profitent de l’ouverture des marchés et de la croissance du produit intérieur brut; il existe ainsi bien des preuves laissant entendre que ces individus pourraient commencer à rêver de principes démocratiques. »