Adventures, une oeuvre sur laquelle sa créatrice Gillian Clark travaille depuis plus de neuf ans, se penche sur une question très personnelle: doit-on faire des enfants? En ouverture de la première édition du festival WinterWorks, tenu au Centaur jusqu’à la fin de semaine dernière, cette pièce plonge au coeur d’un sujet toujours autant d’actualité.
Dans le cadre d’un festival qui se veut une plateforme pour l’art défiant les conventions, pour des productions explorant la forme théâtrale et prenant des risques, Adventures est présentée comme une production en un acte, à petit budget. Et c’est exactement cela.
Ainsi, seul un cube noir surmonté d’une grande chaise en bois à laquelle sont attachées des cordes montant vers le ciel, symbolisant les branches de l’arbre mère, constituent le décor. Une seule comédienne interprète les trois personnages, vêtue et coiffée comme la cool mom qu’elle est dans la vie réelle.
Ann-Marie Ker nous offre ainsi une solide performance. Debout – presque statique – sur la chaise tout au long du spectacle, elle nous transporte d’un personnage à l’autre en un clin d’œil, passant de l’un à l’autre en variant son intonation, son expression facile et la position de ses bras.
Pendant une heure, elle nous fait vivre un mélange de conte fantaisiste et d’histoire vraie, où l’on suit Wendy, jeune adolescente qui entreprend sa vie sexuelle comme une tâche à accomplir et qui tombe enceinte lors de sa première relation.
La jeune femme ne pensait même pas que c’était possible la première fois; c’est PJ, jeune fanfaron prétendant avoir de l’expérience, qui est le papa de ce petit amas de cellules que Wendy décide d’appeler Jane.
PJ, paniqué, voudrait qu’elle avorte, puis devient émerveillé par la jeune fille et sa grossesse. Wendy le fuit, est apeurée par la perspective d’avoir un bébé, alors qu’elle est encore une gamine. Désemparée, elle se rue vers l’arbre mère, figure imaginaire de son enfance, espérant être sauvée par une quelconque magie.
L’auteure ne nous donne pas les réponses et nous dit sur scène que son texte n’est pas terminé, que cette version n’est pas finale. Et c’est parfait ainsi; à chacun de trouver ses propres réponses.
Le sujet aurait pu être lourd, ou le ton moralisateur, mais il n’en est rien. Il est en fait traité avec humour, avec des personnages adolescents qui parlent comme des adolescents; on s’amuse malgré la détresse des personnages. Cette production en toute en simplicité est une belle réussite, fruit de la collaboration du Imago Theatre et du Keep Good (Theatre) Company.
Adventures, de Gillian Clark, mis en scène par Christian Barry, avec Ann-Marie Kerr
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