Nous sommes en 1997: Sam Neill a déjà largement fait ses preuves, notamment dans Jurassic Park. Quant à Laurence Fishburne, il connaîtra la gloire dans The Matrix, deux ans plus tard. Les deux hommes vont pourtant se rencontrer dans Event Horizon, un OVNI cinématographique qui tient encore relativement bien la route, près de 30 ans après sa sortie.
Le premier aspect du film qui peut en dire long est l’identité de son réalisateur; en effet, Paul W. S. Anderson venait tout juste de terminer Mortal Kombat, un long-métrage dégoulinant de kitsch, peut-être, mais tout sauf un chef-d’oeuvre. C’est aussi lui qui signera de « grands films » tels que la série des Resident Evil avec Mila Jovovich, la reprise de Death Race, une bien étrange déclinaison des Trois Mousquetaires, ou encore le navet que fut Monster Hunter.
Bref, nous sommes loin d’un maître incontesté du septième art. L’homme a ses adeptes, certainement, mais surtout, on peut imaginer, dans le camp du « c’est si mauvais que cela en devient bon ».
Mais avec Event Horizon, force est d’admettre que M. Anderson fait preuve d’un talent certain pour piloter cette histoire de vaisseau spatial porté disparu depuis des années, et présumé perdu corps et âmes, alors que l’équipage tentait de tester un type de propulsion permettant de dépasser la vitesse de la lumière.
Pourtant, l’Event Horizon se retrouve étrangement en orbite autour de Neptune. Et c’est l’équipage du vaisseau de secours Lewis and Clark qui aura pour mission de faire la lumière sur cette affaire. À bord, on pourrait imaginer une version un peu moins gros bras des marines d’Aliens, avec le capitaine fumeur de cigare remplacé par un Laurence Fishburne capable de s’affirmer, certes, mais moins agressif.
Et en plus de l’équipage, on trouve un certain Dr William Weir (Neill), qui cumule les cauchemars à propos de sa femme décédée, et qui est l’inventeur du réacteur spécial se trouvant à bord de l’Event Horizon, qui doit supposément réussir à créer un « trou de ver » pour franchir instantanément l’espace séparant notre système solaire d’Alpha du Centaure.
Quelque chose se trame…
Sauf que… sauf que nos personnages se rendront rapidement compte que quelque chose a terriblement mal fonctionné. La preuve en est à ces corps charcutés que l’on retrouve dans l’Event Horizon…. quand il ne s’agit pas carrément d’une simple purée faite de chair et de sang qui est étalée sur les murs.
Bref, il y a une odeur de souffre qui flotte dans le vaisseau – une façon de dire que l’Enfer avec un E majuscule n’est pas très loin.
Bien franchement, le scénario de Philip Eisner fonctionne. Oui, il s’agit d’une version spatiale d’un navire ou d’une maison hantée, mais cette idée de voyage dans l’inconnu, couplée à une esthétique digne d’un croisement entre une cathédrale gothique et l’espace du Chaos, dans Warhammer, fonctionne assez bien, nonobstant les quelques effets en 3D qui ont franchement mal vieilli. Le film remonte à 1997, ne l’oublions pas!
Il y a pourtant quelques petites choses qui coincent, cependant. D’abord, le deuxième personnage noir, en plus de celui de M. Fishburne, qui est présenté comme un homme à femmes sexiste, exutoire d’un humour qui tombe à plat, et qui ne sert qu’à relâcher un peu la pression dans ce film d’horreur.
Ensuite, Sam Neill a très largement eu des rôles de bonhomme sympathique, notamment dans Jurassic Park, ou encore dans The Hunt for Red October. Lui faire jouer les méchants, ici, est un peu un contre-emploi qui fonctionne plus ou moins.
On déplorera également que plusieurs scènes encore plus gore aient été coupées au montage. Sans doute que l’on souhaitait éviter une classification 18 ans et plus… Mais cela fait en sorte qu’Event Horizon n’arrive jamais vraiment à prendre son envol, en quelque sorte, et que le côté horrible de la chose reste largement cantonné à des scènes où l’on tente de surprendre les cinéphiles, sans plus.
Étonnemment solide sur le plan esthétique, avec un scénario un brin conventionnel, Event Horizon demeure une oeuvre intéressante, même 28 ans après sa sortie. Dommage que la réalisation et la velléité de ne pas en faire un film trop horrible l’empêchent de devenir une véritable oeuvre d’art.