Ce sont les problèmes économiques, notamment le chômage élevé chez les jeunes, qui contribuent le plus à l’extrémisme, et non pas les convictions religieuses ou politiques. Il s’agit-là de la conclusion d’une étude menée par des chercheurs de l’Université de Leipzig.
Pour parvenir à ce constat, les scientifiques ont examiné les facteurs locaux et structurants alimentant la radicalisation extrême dans 17 pays des Balkans, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de la région du Sahel.
Dans le cadre des travaux, menés entre 2020 et 2023 en Albanie, en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, au Monténégro, en Serbie, au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Libye, en Égypte, au Mali, au Niger, en Jordanie, en Irak, en Syrie, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, les auteurs de l’étude ont constaté que la confiance envers les autorités locales et une forte cohésion sociale jouaient un rôle crucial pour empêcher que l’extrémisme ne se répande au sein de la population.
Les interventions militaires occidentales et les interférences dans les structures régionales souveraines, de l’autre côté, sont souvent contre-productives et pourraient même contribuer au renforcement du discours extrémiste, écrit-on.
Assurer l’avenir à l’aide d’incitatifs économiques
« Ce projet de recherche nous en a beaucoup appris à propos du rôle des facteurs socioéconomiques, qui peuvent soit aider, soit contrer la radicalisation. Chaque fois qu’il est possible de créer des opportunités, que ce soit à l’aide de structures étatiques ou de programmes de financement étrangers, cela mène à des incitatifs économiques permettant de mieux envisager l’avenir », estime ainsi le Dr Gilad Ben-Nun, coauteur de l’étude.
Ce dernier ajoute que ces opportunités peuvent prendre la forme d’emplois, de projets d’infrastructures ou d’investissements importants, et que cela donne l’opportunité, pour les populations, de penser à des choses positives, contrairement au sentiment d’être coincé et de n’avoir rien à perdre.
Ceci pourrait en fait être exacerbé par des influences extrémistes, comme le terrorisme.
Les chercheurs estiment par ailleurs qu’offrir de la formation aux enseignants, aux travailleurs sociaux et aux forces de sécurité locales pourrait aider à identifier les risques à temps.
Pour mener leur étude à bien, les auteurs ont effectué plusieurs enquêtes avec des groupes de discussion provenant des divers pays examinés.
En plus de représentants des administrations locales, des autorités religieuses et des agences de sécurité, les principaux participants à ces enquêtes étaient des gens vivant dans des communautés où le risque de radicalisation était perçu comme étant plus important.
Aux yeux des chercheurs, les prochaines étapes consistent à se concentrer sur les causes structurelles et économiques de la radicalisation, et chercher à bâtir la confiance envers les institutions locales. Et lorsqu’il s’agit de société à majorité musulmane, par exemple, la coopération avec les autorités religieuses reconnues est encore plus importante pour parvenir à des solutions durables, affirme-t-on.