Voilà un an qu’Irène, la plus jeune des quatre enfants de la famille, s’est enlevé la vie. Et alors que ses deux soeurs et son frère se retrouveront au chalet familial pour disperser ses cendres, ils seront forcés de revisiter leur peine, leur colère et leur amour qu’ils avaient pourtant tenté si fort d’enterrer. Bienvenue dans Ici par hasard.
Aborder la question du deuil n’est jamais facile. Encore moins lorsqu’il est question d’une mort souvent soudaine, voire inexpliquée, comme cela peut être le cas avec le suicide. Et pour l’autrice Carolanne Foucher, qui interprète aussi Irène, la façon de s’attaquer à cet épineux sujet semble s’articuler autour de la comédie.
Une comédie parfois grinçante, bien souvent touchante, avec un réalisme, dans les interactions avec les personnages, qui permet de garder les deux pieds sur terre, même si le contexte tend davantage vers le fantastique. Nul besoin d’en dire davantage; il suffit de savoir que pour ce journaliste, le plus vieux d’une famille de trois enfants, tous dans la trentaine plus avancée, les échanges entre Olga, Macha et André ont un peu donné l’impression de se retrouver dans un repas de famille, à échanger des blagues, et parfois de petites piques lancées avec amour.
La chose était confortable, bref, ce qui est certainement un terme pouvant détonner avec le thème de la mort, mais qui, dans le contexte, est tout à fait approprié.
Bien entendu, les échanges sont souvent émouvants, difficiles… On ne choisira sans doute pas d’aller s’asseoir dans la salle Jean-Claude-Germain, du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, et d’assister à une représentation d’Ici par hasard, si l’on souhaite simplement rire un bon coup.
Non, on nous fera plutôt réfléchir, prendre un pas de recul par rapport à notre approche vis-à-vis la mort. Sans tomber dans le mysticisme, ou encore les croyances religieuses, il y a probablement lieu de penser qu’une personne décédée est toujours vivante, en quelque sorte, si l’on se souvient encore d’elle. Et même si des circonstances extraordinaires permettaient, l’espace de quelques heures, de renouer avec un(e) disparu(e), voudrait-on vraiment tenter d’aller au fond des choses? Le pourrait-on?
Ici par hasard fait les choses différemment. À un point tel, en fait, qu’on ne voit peu ou pas passer les 105 minutes de cette pièce. Une fois les lumières rallumées, on sera fort satisfait d’avoir fait travailler ses méninges, mais aussi ses zygomatiques. Une oeuvre à voir.
Ici par hasard, de Carolanne Foucher, dans une mise en scène de Cédrik Lapratte-Roy, avec Carolanne Foucher, Simon Beaulé-Bulman, Odile Gagné-Roy et Mary-Lee Picknell
Au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, jusqu’au 29 mars
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