Les baisses d’impôts permettent-elles vraiment d’amener les entreprises à investir davantage? Ce serait plutôt tout le contraire, selon une nouvelle étude menée par des chercheurs des Universités Carnegie Mellon et du Wisconsin à Madison.
Dans le cadre de ces travaux, publiés dans le Journal of Financial Economics, les auteurs ont examiné les retombées du Tax Cuts and Jobs Acts, adopté aux États-Unis en 2017, qui ont permis aux entreprises d’accéder à environ 1700 milliards de dollars américains en fonds internationaux auparavant inaccessibles.
À l’époque, ce projet de loi visait à stimuler l’économie en encourageant les compagnies américaines à rapatrier des profits déclarés à l’étranger, et à investir cet argent sur le territoire de l’Oncle Sam.
Malgré ce changement important en termes de liquidités disponibles, c’est-à-dire la facilité d’accès à de l’argent comptant, les chercheurs ont découvert que les entreprises n’avaient pas augmenté leurs investissements dans les dépenses en capital, en création de postes ou en hausses de salaires, en recherche et développement, ou encore en fusions et acquisitions, même du côté des compagnies qui avaient précédemment éprouvé de la difficulté à accéder à des fonds.
Les entreprises ont plutôt utilisé cet argent pour verser des dividendes à leurs actionnaires, ou encore conserver les sommes offertes, ce qui, écrivent les auteurs de l’étude, va à l’encontre des théories financières actuelles et fournit de nouvelles informations à propos de la réaction des corporations à des changements majeurs en termes de politique fiscale.
La part du lion pour les réserves
Les auteurs des travaux ont utilisé des données du Bureau of Economic Analysis américain pour examiner la façon dont les entreprises ont utilisé les fonds rapatriés. Il est apparu que même les compagnies qui possédaient déjà des réserves financières importantes ont préféré mettre des sous de côté, plutôt que d’investir.
« Ces compagnies ont payé environ le tiers des nouvelles liquidités aux actionnaires et ont conservé la moitié sous la forme d’argent aisément accessible », affirment les chercheurs.
Cela veut dire que pour chaque montant de 3$ US versé aux actionnaires, un autre 5$ US était mis de côté. Les théories économiques traditionnelles évoquent plutôt une situation où l’argent supplémentaire est généralement investi ou distribué aux actionnaires.
« La forte propension à conserver l’argent sous forme liquide, même chez les compagnies bien gérées aux prises avec des contraintes financières limitées, est difficile à combiner avec les théories actuelles », lit-on dans l’étude.
Cela suscite des questionnements à propos de l’efficacité des baisses d’impôts comme outil pour stimuler l’activité économique. La nouvelle étude laisse entendre que d’autres facteurs, comme l’incertitude à propos de l’avenir, ou encore une préférence pour la sécurité financière, pourraient pousser les compagnies à accumuler l’argent.