Des chercheurs ont mis au point ce qu’ils appellent des « mini-cerveaux » contenant, annoncent-ils dans leur étude, 80% des types de cellules qu’on retrouve dans le cerveau d’un embryon de 40 jours. Mais malgré l’impression que donne cette description, on est encore très, très loin d’un véritable cerveau.
D’emblée, on parle de 80% des « types de cellules », et non « 80% des cellules ». Ce qui veut dire que leur « organoïde » — ou structure biologique qui reproduit certaines des fonctions d’un organe — contient la majorité des différents types de cellules qu’on retrouve dans un vrai cerveau, mais qu’il est très loin du compte pour ce qui est du nombre total de cellules. En fait, le résultat final décrit dans cette étude prépubliée par une équipe de l’École de médecine Johns Hopkins, à Baltimore, consiste en la fusion de trois organoïdes qui mesurent chacun moins d’un millimètre de large.
Et l’élément nouveau de leur recherche, c’est précisément cette fusion: depuis le début des années 2010, les nombreuses équipes qui, à travers le monde, ont travaillé sur ce concept de « mini-cerveau » ont tenté de faire croître un organoïde à la fois. Ils prennent pour point de départ des cellules souches —des cellules qui ne se sont pas encore spécialisées— et expérimentent différentes conditions chimiques ou physiques, à la recherche des plus favorables. À travers ces expériences, les chercheurs en apprennent petit à petit sur la façon dont les neurones se connectent, ou ne se connectent pas, ou se connectent mal: l’objectif ultime est de comprendre ce qui peut conduire à toutes sortes de pathologies, de la schizophrénie à l’Alzheimer. Beaucoup de chercheurs, depuis 10 ans, estiment qu’il s’agit d’un champ de recherche plus prometteur que celui consistant à étudier des cerveaux de souris.
Mais ce sont en fait des versions miniatures de fragments de cerveaux, plutôt que des versions miniatures de cerveaux complets. Comme elles ne sont même pas alimentées en oxygène par des réseaux sanguins, les cellules du « milieu » sont les premières à mourir. Jusqu’ici, dans aucune de ces expériences, des vaisseaux sanguins ne se sont mis à croitre spontanément.
La question de savoir si ces « mini-cerveaux » devront réellement être considérés un jour comme de vrais « mini-cerveaux » se posera peut-être, lorsqu’une croissance « spontanée » apparaîtra comme une possibilité.