Sans surprise, il existe, surtout aux États-Unis, des communautés d’explorateurs urbains qui s’intéressent notamment aux parcs d’attractions, y compris à ceux de l’empire Disney. Et il existe aussi des gens prêts à payer très cher pour des produits Disney justement introuvables par les voies officielles. Combinez ces deux mondes, et vous obtenez le fascinant documentaire Stolen Kingdom.
Réalisé par Joshua Bailey, ce film lève le voile sur un monde que l’on ne voit que très rarement, à moins de savoir quoi chercher en ligne, ou de connaître les bonnes personnes: cet univers de mordus d’exploration de lieux et de bâtiments abandonnés.
Et comme « l’endroit le plus heureux du monde » a parfois tendance à simplement laisser pourrir ses installations et ses manèges, plutôt que de dépenser des sommes importantes pour en assurer une démolition efficace. Le temps, c’est de l’argent, après tout. Sans oublier que le public respecte généralement les panneaux annonçant une « interdiction d’entrer », pas plus que les visiteurs se mettent habituellement à grimper par-dessus des clôtures.
Sauf que… sauf que, eh bien, il existe des gens qui sont simplement curieux. Des personnes qui, par pur plaisir, ou encore pour obtenir leur 15 minutes de gloire, n’hésitent pas à sauter des manèges, alors que ceux-ci sont en marche, pour explorer l’envers du décor.
En ce sens, Bailey, dans le cadre d’une série d’entrevues avec un petit groupe de ces curieux, réussit à bien reconstruire cette époque un peu insouciante des années 1990 et du début des années 2000, alors que la sécurité était moins importante, chez Disney.
Mais ce que le réalisateur fait également, c’est lever le voile sur ce monde de collectionneurs souvent très fortunés qui n’ont que faire de vérifier la provenance des articles de Disney qu’ils réussissent à obtenir, légalement ou non. Devant la possibilité d’engranger de fortes sommes, l’un des intervenants interviewés pour Stolen Kingdom, maintenant ex-employé de Disney pour des raisons évidentes, n’a pas hésité et s’est mis à voler toutes sortes de choses pour ensuite les vendre au plus offrant. Jusqu’à ce qu’il se montre un peu trop audacieux, et un peu trop imprudent.
En environ 75 minutes, Stolen Kingdom nous rappelle que Disney World n’est pas un endroit plus « magique » qu’un autre, mais n’est en fait qu’une autre représentation du capitalisme bien souvent sauvage. Il est fascinant, en fait, de voir que des gens sont prêts à payer des fortunes pour des biens qui, en soit, n’ont que peu ou pas de valeur. Un clash particulièrement intéressant entre cette réalité et la curiosité parfois pure. À voir.