Des pénuries d’or noir, provoquées par l’instabilité géopolitique, les guerres, les catastrophes naturelles et des incidents techniques font plonger les titres boursiers des transporteurs aériens et gonfler le prix des billets.
C’est du moins la conclusion d’experts en aviation, dans une nouvelle étude publiée dans Energy Economics, qui se penche sur les liens entre les problèmes imprévus d’approvisionnement en pétrole et la valeur des actions des compagnies aériennes.
Des chercheurs de l’Université du Sud de l’Australie affirment ainsi que puisque le carburant représente 30% des dépenses totales d’une compagnie aérienne, cette industrie est particulièrement vulnérable aux fluctuations soudaines sur le marché pétrolier, particulièrement dans les pays non membres de l’OPEP, l’Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole, où la situation peut être davantage volatile.
Selon ces chercheurs, ce sont les principaux transporteurs aériens, comme Delta et American Airlines, par exemple, qui sont les plus affectés par cette situation.
De l’avis du principal auteur de l’étude, le Dr Yifei Cai, l’imprévisibilité des chocs pétroliers représente une nouvelle preuve de la nécessité de passer à des sources d’énergie alternatives, comme les biocarburants et l’hydrogène.
« Les activités des compagnies aériennes dépendent largement de l’approvisionnement en pétrole, et des pénuries inattendues pourraient grandement compliquer la prédiction de leurs coûts », affirme-t-il.
De son côté, le professeur Shane Zhang, l’un des coauteurs de l’étude, les pénuries d’or noir peuvent provoquer un chaos sur les marchés. « Les transporteurs aériens pourraient devoir revoir leur stratégie de gestion des risques et leurs pratiques de gestion des carburants pour réduire l’éventuelle turbulence financière provoquée par de telles pénuries », dit-il.
Par exemple, la guerre des prix du pétrole entre l’Arabie saoudite et la Russie en mars 2020 a provoqué un important changement dans les cours de l’or noir et a été considérée comme l’un des principaux facteurs du krach boursier de 2020.
Toujours selon les chercheurs, il faut non seulement diversifier les sources d’approvisionnement en carburant, mais aussi investir dans des avions moins gourmands et dans des technologies plus « vertes » et « durables », comme les biocarburants et l’hydrogène.
Le Pr Zhang rappelle d’ailleurs que plus de 90% du pétrole australien est importé, et qu’il serait donc « logique » de développer une industrie locale de carburants durables pour l’aviation, afin de cesser de dépendre à ce point des marchés étrangers.