Le risque de collision avec la Terre que présente l’astéroïde découvert il y a deux mois, a été haussé à 3,1%, le 18 février, avant d’être rabaissé. De telles alertes semblent pourtant réapparaître régulièrement dans l’actualité. Le Détecteur de rumeurs a voulu savoir si cet astéroïde était différent des autres.
Des astéroïdes fréquents
Détecté le 27 décembre 2024, l’astéroïde 2024 YR4 s’éloigne à présent de nous. Le 31 janvier 2025, il se trouvait à 48 millions de kilomètres, notait le Centre d’étude des objets géocroiseurs de la NASA. Les calculs révèlent que son orbite le ramènera à proximité de notre planète en 2028, puis le 22 décembre 2032: c’est cette dernière date qui est en ce moment l’objet de toutes les attentions.
Il fait partie de cette catégorie d’astéroïdes dits « proches de la Terre » dont la définition est qu’ils peuvent se retrouver à moins de 45 millions de km de l’orbite terrestre. À titre comparatif, 62 millions de km nous séparent en moyenne de Mars. À la mi-février 2025, on comptait près de 37 500 de ces astéroïdes « proches de la Terre » selon le portail de l’Agence spatiale européenne, et on en découvre de nouveaux pratiquement chaque semaine.
Mais certains d’entre eux ne se contentent pas d’avoir une trajectoire qui les amène « près » de notre orbite, ils vont carrément « frôler » notre planète. Du moins, en termes astronomiques : un astéroïde est considéré comme frôlant la Terre lorsqu’il se trouve à moins de 7,5 millions de km (c’est 20 fois la distance Terre-Lune). Chaque mois, des douzaines d’astéroïdes sont dans cette situation, selon la liste de l’Agence spatiale européenne.
Un risque d’impact variable
Comme il y a une marge d’erreur dans ces calculs, il y a donc un risque de collision. Lors de la découverte de 2024 YR4 en décembre dernier, ce risque de collision, lors de son retour de décembre 2032, était estimé à 0,3 %. Puis, le 27 janvier, cette probabilité a dépassé le seuil de 1%, écrivait le Centre d’étude des objets géocroiseurs de la NASA. Le 18 février 2025, le même organisme augmentait l’évaluation de ce risque à 3,1%.
Ce chiffre pourrait encore augmenter ou diminuer, à mesure que les données continueront de s’accumuler sur sa trajectoire, expliquait l’astrophysicien Patrick Michel sur le site The Conversation le 12 février.
Une question de taille
Ce n’est pas le seul astéroïde à présenter un risque d’impact. En date du 17 février, les scientifiques de l’Agence spatiale européenne en recensaient 1743. Mais l’autre facteur-clef, c’est la taille de l’objet. Les plus petits sont sans danger. Ainsi, l’astéroïde 2024 BX1 qui a été détecté trois heures avant qu’il n’arrive au-dessus de l’Allemagne, le 21 janvier 2024, faisait seulement 1 mètre de large. Il s’est désintégré dans l’atmosphère.
L’astéroïde 2024 YR4 a toutefois une taille de 40 à 90 m, soulignait le Centre d’étude des objets géocroiseurs. Selon le Réseau international d’alerte aux astéroïdes, si un impact survenait, le souffle de l’explosion pourrait être ressenti jusqu’à 50 km du site d’impact. Le magazine New Scientist compare cela à une bombe de 7,7 mégatonnes de TNT: assez pour détruire une petite ville.
C’est la combinaison du niveau de risque et de la taille qui a valu à cet astéroïde l’attribution d’un score de 3 sur l’échelle de Turin, un outil qui évalue la probabilité et les impacts d’une collision. Il est très rare qu’un astéroïde atteigne ce score: il lui faut une taille supérieure à 20 m et une probabilité d’impact supérieure à 1%.
Une exception: l’astéroïde Apophis, découvert en juin 2004. Avec un risque initial d’impact, en 2029, de 2,7% et une taille de 450 m, il avait obtenu un score de 4 sur l’échelle de Turin. Le fait de pouvoir mieux préciser sa trajectoire a par la suite permis de ramener ce chiffre à 0.
Sommes-nous préparés à un risque d’impact?
Plusieurs pays contribuent à l’effort pour cataloguer tous les objets « proches de la Terre » qui pourraient entrer en collision: depuis 2014, on a ainsi détecté 11 astéroïdes, avant leur impact avec la Terre. Le plus gros faisait entre 4 et 8 mètres et s’est désintégré dans l’atmosphère au-dessus de la mer des Antilles, le 22 juin 2019.
En théorie, un très gros objet, susceptible de faire de très gros dégâts, serait détecté beaucoup plus longtemps à l’avance, mais il est impossible d’évaluer combien il en reste encore à découvrir dans notre système solaire.
Heureusement, ceux-ci ne sont pas fréquents, remarque le Centre d’études des objets géocroiseurs dans sa page sur le sujet. Par exemple, la Terre est frappée par un astéroïde qui fait plus de 100 m en moyenne une fois par 10 000 ans. Pour les astéroïdes de plus d’un kilomètre, une fois toutes les quelques centaines de milliers d’années.
Verdict
La taille et le risque d’impact sont à prendre en considération quand on parle d’astéroïdes « proches de la Terre ». Ce sont les deux informations qui font de l’astéroïde 2024 YR4 un objet qu’il faut avoir à l’œil. Cependant, les probabilités qu’il entre en collision avec la Terre demeurent faibles.