Suite au grand et surprenant succès aussi controversé que mitigé de Longlegs, que beaucoup attribuent à une campagne promo aussi efficace que déloyale, le cinéaste Osgood Perkins revient déjà à la charge pour présenter The Monkey, possiblement son film le plus grand public jusqu’à maintenant. Un effort à nouveau maîtrisé sur le plan technique, mais qui déçoit encore beaucoup.
Outre la franchise Planet of the Apes, qu’il paraît impossible de laisser tranquille, l’image du singe, ce double métaphorique de l’homme, a visiblement atteint son plus gros sommet au cours des dernières années. Du splendide Monkey Man, de Dev Patel, explorant la culture indienne, au surprenant Better Man revisitant la vie de Robbie Williams, voilà qu’on déterre ici une nouvelle des années 80 de Stephen King pour aller jouer dans les plates-bandes de l’horreur.
Successeur d’une figure emblématique du cinéma d’horreur dont il aimerait être digne, Perkins étant le fils du fameux Anthony connu pour avoir interprété l’inoubliable Norman Bates dans le Psycho de Hitchcock, voilà que le cinéaste semble plus que jamais décidé à explorer ses daddy issues. On ira même jusqu’à situer une scène clé dans un motel, c’est dire!
De fait, le réalisateur conserve les grandes lignes de la nouvelle littéraire: un homme fait face à des phénomènes mystérieux entourant une figurine de singe alors que des meurtres se déroulent toujours lorsqu’il joue de son instrument. On a ici troqué les cymbales pour un tambour, apparemment pour une question de droits reliés à Disney.
Sauf que Perkins tisse autour de cette prémisse convenue, mais forte en possibilités, une histoire abracadabrante de jumeaux en constante compétition et un peu laissés à eux-mêmes après la mort de leur père, qui serait à l’origine de cette malédiction dont ils croiront avoir hérité.
On entre ainsi rapidement dans l’action, et James Wan à la production oblige, on a juste la bonne quantité de meurtres sanguinolents et aussi grotesques que loufoques. Ceux-ci, un peu comme dans Saw, justement, servent un peu de parenthèses ici et là, faisant avancer l’histoire à leur manière.
Le hic, c’est que dans un désir évident de donner dans la comédie et dans l’absurde, on démontre un entêtement voué à conserver un ton réaliste et un penchant pour le drame. Cette tentative de proximité et d’intimité distille au contraire l’action, étire le temps et rend le rythme franchement inégal, en plus d’amenuiser la force de frappe de ce qui aurait pu être hilarant ou jouissif, le spectateur étant encore dans un mode d’écoute dramatique. Un peu comme si on voulait nous conscientiser, en nous rappelant que la mort, ce n’est quand même pas si drôle que cela non plus.
Il s’agit d’une décision surprenante, puisque ce désir d’essayer d’humaniser ses personnages sonne au contraire assez faux dans tout cet univers et surtout considérant les mésadaptés et et personnages plutôt antipathiques qu’on nous place à l’écran.
La distribution plutôt tranquille ne permet pas un élément aussi grandiloquent, comme en témoignait Nicolas Cage, alors que Tatiana Maslany est plutôt sous-utilisée et qu’on ne fait pas grand chose d’Elijah Wood. Du côté des doubles rôles, ironiquement, c’est le jeune Christian Convery qui détonne, alors que Theo James, aussi fade qu’à ses habitudes, ne trouve pas ici un rôle qui lui permettrait finalement de décoller via son talent plutôt que son physique, se contentant d’un jeu qui semble s’apparenter à un rôle qui aurait été confié à James Franco une décennie plus tôt.
La technique demeure efficace, mais plus générique et anonyme cette fois, Perkins n’ayant pas toujours l’habitude de récupérer ses collaborateurs et ayant clairement l’intention de donner dans le grand public cette fois et de laisser de côté les envies s’approchant davantage du film d’auteur. Sauf que ce n’est jamais bon signe si on se rapproche plus d’un film de Blumhouse.
Divisé en deux parties distinctes, le long-métrage perd alors de son intensité, de son intérêt et de sa pertinence en avançant. Le scénario brouillon n’arrive jamais à bien lier ses meurtres entre eux ou à prouver que son histoire mérite d’être racontée. C’est d’autant plus dommage, car quand on se permet enfin d’aller complètement à fond dans un dernier droit qui aurait pu offrir une conclusion mémorable, pour toutes les raisons énumérées précédemment, notre satisfaction est loin d’être au rendez-vous.
4/10
The Monkey prend l’affiche en salle ce vendredi 21 février.