Des souris nées de deux deux papas ont survécu jusqu’à l’âge adulte. Mais le travail qu’il a fallu pour en arriver là rend impensable d’appliquer un jour cette technique aux humains.
La première tentative connue remonte à 2018: les 12 souris nées « de deux pères biologiques » étaient en mauvaise santé et aucune n’avait survécu jusqu’à l’âge adulte. Cette fois, la même équipe de chercheurs de l’Académie chinoise des sciences rapporte avoir obtenu des souris qui ont bel et bien survécu jusqu’à l’âge adulte —, mais leur espérance de vie s’est avérée plus courte que la moyenne, et elles étaient stériles.
Une autre tentative avait été annoncée en 2023 au Japon, mais le New Scientist rapportait le mois dernier n’avoir pu trouver aucune information plus récente sur cette expérience.
En gros, l’idée est de générer des ovules à partir uniquement de cellules de peau prélevées sur des mâles. Il faut pour cela soit (comme dans l’expérience japonaise) obtenir des cellules mâles dépourvues du chromosome Y (celui qui distingue les mâles, aux chromosomes XY, des femelles, aux chromosomes XX), soit (comme dans l’expérience chinoise) activer ou désactiver un nombre indéterminé de gènes-clefs.
Si la technique n’est déjà pas simple — les expériences sont marquées par un taux d’échec élevé — un autre obstacle réside dans ces mécanismes, encore mal connus, qui font que dans notre code génétique, plusieurs de ces gènes-clefs sont activés uniquement dans certaines cellules. Les vulgarisateurs comparent souvent cela avec des recettes: les futures cellules du cerveau auront ainsi pour instructions de produire certaines molécules que n’auront pas à produire les futures cellules des poumons.
Qui plus est, les gènes qui sont ainsi « activés » ou « désactivés » ne sont pas les mêmes, suivant qu’ils sont dans le spermatozoïde ou dans l’ovule. Résultat, un embryon qui résulterait simplement de l’addition de l’ADN de deux mâles — ou de deux femelles — ne pourrait pas se développer normalement. Le défi pour les chercheurs a donc été de produire des souris modifiées génétiquement pour que leurs cellules ciblent avec précision les gènes-clés en question — une vingtaine en tout, contre 3 pour des souris nées de « deux mères biologiques », expliquent ces chercheurs dans leur recherche, parue dans la revue Cell Stem Cell.
Et même ainsi, rappellent-ils, les souris n’étaient pas en bonne santé et avaient une plus courte espérance de vie.
Mais l’objectif de cette recherche n’est pas de produire des humains sans mères: c’est plutôt de comprendre ces mécanismes, souvent décrits comme une « bataille des sexes », qui se produisent au moment de la fécondation, et même avant la fécondation, et qui déterminent ultimement quels gènes, du père ou de la mère, auront le dessus.